Extrait du journal

FEUILLETON. UN MARIAGE DE JUILLET. — Paris, 1852. C’est une heureuse et touchante pensée que celle de ces mariages de juillet, de ces jeunes filles dotées par l’Elat, adoptées par la France. Jamais anni versaire (s’il y avait eu une pensée pour les morts) n’eût été plus en harmo nie avec une nation. Ces mariages, cimentés du sang de la France , ces jeunes vierges, ces filles de héros , apportant à leur époux la gloire de leurs pères et leur patrie pour famille , otiraient un spectacle qui élevait l’aine, et éveillait en elle ce que Je ciel y a mis de plus nobles et de plus pures sensations.... Les rangs, les âges , tout se confondait, et l’on oubliait un moment les tristes événements qui marquent l’année i83a. Je n’ai vu qu’un seul de ces mariages , celui du onzième arrondissement. : c’est de lui que je vais parler, car il m’a laissé une impression que j’aime à prolonger et que j’aimerais encore plus à faire partager. Le maire avait invité les cinq dames patronesses des orphelins du choléra ; ce fut à ce titre que, dès neuf heures du malin, je me rendis à cette cérémonie avec ma fille et mon père , membre des commissions des récompenses et de la souscription nationale. Un air de fête circulait dans les salles de la mairie ; tous les fronts étaient joyeux ; toutes les mains se pressaient avec cordialité, et bientôt la conver sation tomba sur la jeune mariée « Est-elle jolie ? » demanda-t-on d’abord ; et comme elle entrait, un mur mure favorable l’accueillit : elle n'était pas jolie , mais sa jeunesse, sa frai cheur , son air décent et des traits agrébles la rendaient charmante. . Deux blessés de juillet lui servnient.de témoins. L’un d’eux , le moins riche...