Extrait du journal

Nous avons, le mois dernier, exposé à nos amis les raisons d’ordre national qui nous avaient déterminé à réaliser, malgré la crise dont fout le monde ressent les effets, un gros effort pour faire paraître le Drapeau. De nombreux témoignages nous ont permis de constater que cet effort avait été apprécié et répondait aux vœux de tous nos amis. « Enfin ! » nous a-t-on écrit de tous les points du territoire où nous avons accès. « Mais surtout continuez ! » ajoute-t-on. Ce nouveau numéro du Drapeau répond directement au désir ainsi exprimé. Il apporte à nos correspondants la preuve que nous les avons entendus et que notre vœu le plus cher est, en effet, de continuer. Toutefois, il faut pouvoir le faire. Si réduits que soient nos frais, si sage et économe que soit notre administration, si dévoués et désintéressés que demeurent nos collaborateurs, la publication d’un journal comme le Drapeau est une entreprise qui coûte. Qui coûte, sans qu’on puisse caresser l’espoir quelle rapporte jamais. Loin d’être une affaire, exactement, c’est une œuvre, une œuvre destinée à coopérer, dans la mesure où elle pourra s’étendre, au salut de la Patrie. Tel est le plan sur lequel il faut se placer pour apprécier l'action du Drapeau et pour déterminer de quelle manière et par quels moyens chacun collaborera à cette action. Evidemment, le premier de ces moyens, c’est l’abonnement. Mais chacun connaît son insuffisance. L’abonné apporte au journal une aide morale bien plus qu’un soutien matériel. Son concours est certes précieux : il ne peut suffire. Quiconque est tant soit peu au courant des choses de l’imprimerie sait que nulle part le prix de l’abonnement à un journal ne représente la valeur matérielle de l’imprimé. Les grands journaux s’en tirent par la publicité parfois, plus souvent par des compromissions où disparaît leur indépendance. Ne parlons pas des journaux d’affaires qui ne sont pas toujours des journaux d’affaires propres. Leur cas ne saurait être évoqué quand on traite des moyens d’existence d’un journal de salut public comme le Drapeau à qui sa périodicité même interdis* d’autre part de songer à solliciter une publicité efficace. Que lui reste-t-il donc pour vivre ? Sur quoi peut-il compter pour continuer d’être et poursuivre sa tâche ? Il lui reste ses seuls amis, au dévouement desquels il est obligé d’en appeler, à leur dévouement pécuniaire....