Extrait du journal

D ans ce compartiment de 3» classe du rapide Naples-Rome, il y avait une demi-douzaine de jeunes soldats, re tour des manœuvres, une fille des Abruzzes qui voyageait pour la première fois en chemin de fer et un milicien fasciste. Les soldats so bousculaient pour faire rire la fille,- lui offraient du vin rouge et lui lançaient d’énormes compliments. Elle était si émue par l'aventure qu’en voulant vérifier si sa chevelure était bien en ordre, elle la dénoua. La voilà toute rougissante derrière les mèches qui lui barrent le visage. Elle rit plus fort pour cacher sa confusion. Les garçons s’em pressent pour offrir leur aide. L’un d’eux profite de la situation et presse son genou contre celui de la paysanne. Ce fut alors que le milicien intervint : — Laisse-là tranquille, dit-il au soldat. Assieds-toi et ferme ta gueule. Pudeur anglaise en Italie Les soldats regagnèrent leur place et se tinrent coi. La fille rajusta sa cheve lure, regarda le milicien, tourna la tète et timidement, gentiment, presque mater nellement, avec un rien de complicité, sourit au Don Juan rabroué qui baissait la tête dans son coin. Lorsque je m'étais installé dans le wagon, le milicien m’avait dit quelques mots en anglais. Il vit mon regard étonné....