Extrait du journal

Mes chers confrères, Mon émotion joyeuse n’est surpassée que par ma gratitude. Vous venez de me faire vivre— vous le savez et l'avez persévéramment voulu — la minute la plus belle de la vie professionnelle d’un avocat français. Mes prédécesseurs l’ont proclamé à l’envie, même ceux qui ont connu les succès de la tribune et la fascination du pouvoir. Pour moi, quel rêve, quel chemin parcouru depuis l’école du village, du village aujourd'hui détruit par l’abominable invasion, jusqu’au poste où vos libres suffrages m'ont placé, à la tête de l’Ordre dont nos anciens ont par leur vertu assuré 1 honneur et par l’honneur assuré la force et la durée. La route a pu être longue, parsemée d’obstacles et de retards ; mais à ces retards mêmes et à ces obstacles, comment ne saurais-je pas un gré infini, puisqu’ils me permettent d’arriver au sommet de la course au moment où l’horizon de France n’est plus assombri par la défaite, mais a repris sa forme et sa clarté sous les purs rayons de la plus juste des victoires !...