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Le Figaro, 17 janvier 1856

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Le Figaro
17 janvier 1856


Extrait du journal

si le climat ne convenait pas a: votre santé, mieux vau drait retourner en France. » —Mais, répliqua l'artiste, d'où peut venir à Votre Excellence cette sollicitude pour ma santé? » — De ce que vous avez déjà fait une remarque dés obligeante pour le climat de la Russie: • » —Ah! oui, — Excellence, je me rappelle. — Mais j'avoue que je ne croyais pas avoir l'ait d'opposition en constatant que j'étais gelé. » —Monsieur, reprit le ministre d'un ton moitié sé vère et moitié bienveillant, en Russie on doit toujours se bornera des réflexions intimes. —La chose n'a pas de gravité, mais j'ai voulu saisir la première occasion qui s'est présentée de vous indiquer une ligne de conduite et un programme de silence qui, fidèlement observés, vous assureront ici une existence exempte de trouble. » L'artiste est, depuis plusieurs années déjà, de retour en France. — En nous racontent cette histoire, il ajou tait: v La leçon du ministre m'a si bien profité, que pendant dix ans je ne crois pas avoir dit, à Saint-Pétersbourg, un mot étranger à mes rôles. —Tous les soirs je jouais aux dominos dans un café—le double quatre manquait dans le jeu — je n'ai jamais osé le réclamer. » Il faut savoir que toute insinuation sur les conditions uitrà-septentrionales de la Russie était» toujours pour l'empereur Nicolas une blessure a l'amour-propre natio nal et une cause d'incessante irritation. — Quand ses grands seigneurs demandaient un exeat pour aller en France ou en Italie, il fallait bien, sous peine d'échouer, se garder de l'ancienne formule : — « Les médecins me commandent un climat plus doux. » — « J'y reste bien, moi! » répondait sèchement l'Empereur. Puisque j'en suis sur cette question de la paix et de la guerre, il faut bien que je constatera l'honneur de notre siècle, que si les temps héroïques ne sont pas clos, les mœurs inhérentes a l'état de guerre semblent s'effacer. On se bat et on se bat bien. — On s'eiitretue, mais on ne peut parvenir à se haïr. — La bataille termi née, on pansé des deux côtés les blessures qu'on a faites. —Les officiers des deux armées belligérantes fument ensemble le cigare et on juge stoïquement les coups et les caram bolages de la journée....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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