Extrait du journal

Les pacifistes qui ont fait tirer sur les anciens combattants désarmés n'ont pas désarmé. Hier, encore, le Populaire, j'ournal de M. Blum, le véritable chef du cabinet Daladier, affichait en tête de ses colonnes : « Pas une minute de trêve. Il faut qu'à Paris, dans sa banlieue et dans toute la France, le formidable mouvement du 12 février se développe, s'amplifie et se fortifie. Le combat n'est pas terminé, il commence. » Le sang versé le 6 février n'a fait qu'ouvrir l'appétit de ces huma nitaires. Pour l'instant, le combat a changé de forme et d'objectif. En attendant un nou veau massacre, les conjurés du 6 février le préparent en répandant des nappes de gaz asphyxiants dans la France entière. Ceux qui confondent la liberté de la presse et la liberté du mensonge donnent des mots d'ordre impudents qui sont répétés auto matiquement par les comitards et leurs jour naux. Avec les mitrailleuses de leur pro pagande, ils tentent d'assassiner la vérité, leur ennemie la plus redoutable. Comme elle est invulnérable à Paris, ils tirent sur elle dans les départements. Ils se flattent de. dresser ainsi la province contre la ca pitale. Cette tentative à la fois stupide et crimi nelle se retournera contre ses auteurs. Ce sont des fous furieux qui se blessent euxmêmes. Cette tentative est stupide parce que ja mais les relations de Paris et de la province n'ont été aussi étroites que de nos jours. On évalue à 80 0/0 les provinciaux de Paris. On pourrait évaluer à 100 0/0 les Pari siens de province, Parisiens à des degrés divers par les parents qui habitent la capi tale, par la facilité de s'y rendre, par la diffusion de la T. S. F. qui fait pénétrer un peu de Paris dans les plus humbles villages. Jamais le système nerveux de la France a'a été .aussi, coordonné autour de son centre moteur, Paris. Sans doute Paris est plus indépendant du gouvernement que la province parce que la politique alimen taire et de clientèle y trouve un terrain moins favorable. Paris est plus réfractaire au virus électoral ; Paris est mieux éclairé sur les politiciens parce qu'ils y sont moins hypocrites que dans leurs circonscriptions. Paris contemple dans la coulisse les histrions qui se maquillent pour faire illusion sur les tréteaux de la province. Il n'est ni leur dupe, ni leur obligé. Il est plus loin de leur influence et plus près de leur personne présentée en liberté. Il reconnaît facilement en eux Mandrin sous le manteau de Tar tuffe. Mais il y a des cas où la vérité est trop forte pour être étouffée. Nous sommes en présence d'un de ces cas. La vérité sur le crime du 6 février, les nobles victimes la crient, selon l'expression d'un poète espa gnol, par la bouche de leurs blessures. s Le Cartel, le plus grand commun divi seur de la France, commet un autre crime eri s'acharnant, pour se sauver, à troubler par ses mensonges la paix intérieure au moment où, en face du péril extérieur, l'union de tous les bons citoyens est plus nécessaire que jamais. Ce crime est, d'ail leurs, une faute, car le cynisme de cette campagne est le plus grave des aveux. La province ne s'y trompera pas. Elle ne par donnera pas aux malfaiteurs qui auront fait à son intelligence ou à sa conscience l'injure de la supposer capable de les croire ou de les approuver. Les armoiries de la ville de Paris ont inspiré à M. Paul Morand une phrase pittoresque sur la nef insubmersible dont l'obélisque est le mât. Il y a un autre mât, celui qui sert pour les signaux, la tour Eiffel. Les pilotes-naufrageurs, qui s'étaient emparés de sa T. S. F. pour couler Paris, n'auront coulé qu'eux-mêmes....