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Le Figaro, 23 janvier 1859

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Le Figaro
23 janvier 1859


Extrait du journal

Si Pelit-Jean avait été appelé à faire la chronique du Figaro, il n'aurait pas dit avec tant d'assurance : « ... Ce que je sais le mieux, c'est mon commencement... Quant à moi, c'est ce que je sais le moins ; le début of fre des difficultés presque insurmontables pour certaines natures. Je ne connais qu'une chose dont l'entrée en matière nous soit facile : c'est la vie, et cela parce que nous ne nous en mêlons pas; quant au reste, depuis l'alphabet de la langue jusqu'à l'alphabet de l'amour, que d'impossibilités vaincues et que de peine pour les vain cre ! Il me faut donc encore vaincre celle-ci. Il y a beaucoup de bruit autour de nous ; le carnaval a l'air d'être amusant, il ne l'est, point. Il tourne sur luimême en agitant se» grelots, mais il ne fait pasde chemin. Paris n'est pas gai; les bals sont rares dans tous les mon des, peut-être est-ce parce que Pâques arrive tard et que l'on prend son temps. On peut citer deux ou trois fêtes depuis huit jours, ce n'est guère. 11 y en a eu une chez madame Gould, une Anglo-Portugaise; une autre chez madame de Girardin, dans ces salons où l'on ne dansait point autrefois el où l'on causait si bien. La société est renouvelée ; à peine quelques amis des anciens jours se rencontrent-ils au milieu des polkeurs. On cite une réponse de mesdemoiselles H..., deux jeunes et jolies Américaines, à une des dernières soirées, elles se vantaient d'avoir gagné, l'une sept mille francs, l'autre huit mille dans les conflits de la Bourse : comme on s'étonnait de les voir, à leur âge, s'occuper de sem blables soins, elles répliquèrent naïvement : — Quoi ! vous trouvez cela extraordinaire ! l'argent n'est-il pas tout maintenant ? La société étrangère est jusqu'ici beaucoup plus brillante ■que la société parisienne ; nous nous laissons amuser par ceux qui viennent nous demander du plaisir, et rien n'est bizarre comme la façon dont on les accueille presque par tout : on s'en engoue passionnément d'abord, on ne s'in quiète point de leurs antécédents, on ne sait d'où ils vien nent ; pourvu qu'ils ne soient pas Français, cela suffit. La morale devient pour eux d'une élasticité charmante; qu'ils soient riches, qu'ils ouvrent une maison princière, les gens les plus timorés y courent. N'avons-nous pas vu, il y a quelques années, de très grandes dames s'em parer du logis de certains Américains, y faire engager leurs amis, se poser en maîtresses absolues et ne pas ac corder à leur pupille la moindre invitation, même pour «es parents; elles ne lui permettaient pas d'élever la voix, il devait obéir, sous peine d'être abandonné....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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