Extrait du journal

par une seule femme en couches^ De la salle du centre on aperçoit, d'un seul coup d'oeil, ce qui se passe dans chaque étage. Quand une femme quitte le pavillon, morte ou vivante, la chambre est ainsi faite qu'elle peut être entièrement dé montée et repeinte. Même les chaises sont divisées en huit morceaux ! Les angles des murs, qui sont des nids à fièvre puerpérale, sunt remplacés par des concavités ! La contagion est vaincue ! Le chiffre de la mortalité n'est plus ici que de 1 sur,140. C'est encore loin du chiflre de la ville. On sait que Paris est une des" villes les plus saines pour les femmes en couches. Là est un mystère. De même on ne sait pourquoi l'infect vieil Hôtel-Dieu était "beaucoup plus salubre que ne l'est le superbe hôpital de Lariboisière. Une des femmes a mis au-dessus du berceau une petite médaille suspendue à un de ses longs cheveux noirs. Elle amuse ainsi l'enfant. Comme l'oiseau, elle se dépouille pour son nid. Elle chante une chanson de ' nourrice — pi carde ! Elle a une jeune figure cordiale. Les lampes allumées qu'on apporte se reflètent dans ses grands yeux clairs. La science a accompli ici une véritable œu vre nationale. En triomphant de la con tagion d'hôpital, elle semble.créer des enfants. Elle tue la mort, — elle fait vivre la vie ! Elle répare le mal que font au pays qui se dépeuple — nos mœurs trop égoïstes et trop prudentes ! La nuit était venue. Elle était sans étoiles — une nuit qui ferme ses yeux, comme- on dit en Bretagne. En passant auprès du vieux bâtiment de la Bourbe, j'entends vaguement quelques cris de femmes et d'enfants — mais aussi des chuchotements de mères avec les petits. J'écoute, ce que certes, je n'avais jamais écouté dans toutes les autres maisons de misères...un bruit de baisers !... 1 Ignotus. '...