Extrait du journal

D'ici à l'automne, plus encore que dans les mois passés, notre situation intérieure peut influer en bien ou en mal sur l'évolution internationale. Une partie est en gagée entre la paix et la guerre : les éléments profonds de cette partie, si l'on ose dire, mûrissent chaque jour, créant peu à peu la nécessité d'en finir par une initiative de bon sens ou par un coup de démence, et réduisant lentement, mais sûrement, l'alter native qui demeure pour quelque temps ouverte. Il a été dit et répété des cen taines de fois que la prévision, même mal fondée, d'une débâcle éventuelle de notre état intérieur constituait une des principales et plus décisives tentations pour Ja guerre en Europe. Si l'on pouvait raconter l'histoire secrète de ces dernière années, on constaterait que l'espoir ou la crainte d'un affaiblissement irrémédiable de notre potentiel national, par des troubles intérieurs — espoir ou crainte qu'entretenaient chez les dirigeants de l'étranger des ren seignements tantôt èxacts, tantôt tendancieux et parfois faux, — a déterminé, au fond, la plupart des changements de . positions et des audaces qui font paraître la paix si précaire. Désormais, nous paierions chaque fléchissement intérieur d'un nouvel et plus grave acci dent extérieur. + 4Nous sommes surveillés non pour les épisodes plus ou moins factices de notre vie publique, mais pour l'enchaînement d'effets que doivent produire, après une si longue descente, notre manqu de courage financier et la mé diocrité de nos imaginations éco nomiques. Les observateurs qui nous regardent de l'étranger ne sont pas des apprentis des crises du genre de celle dont nous ne parvenons pas à sortir. Us ont...