Extrait du journal

peu des réserves qui s'étaient accumulées chez elle. C'est la règle même de l'étalon d'or. Son application était prévue de longue date. D'avance, toutes les précautions utiles avaient été prises pour l'assurer. Aussi la position technique du franc échappe-t-elle à toute espèce de discussion : elle défie n'importe quelle attaque ; et la spécula tion, par elle-même, ne saurait entrepren dre quoi que ce fût contre une monnaie dont les doubles garanties — absolues et relatives — sont sans égales. Est-ce à dire que la France puisse trou ver dans cette forte sécurité un prétexte pour prolonger les folies dégradantes aux quelles se complaisent ses représentants ? Ce serait absurde. Dans des conditions qui n'ont nullement surpris ses défenseurs, le franc traverse une passe difficile. Toutes les chances imaginables ont été mises de son côté. Ce ne serait pas une excuse pour détruire, un à un, par le dedans, ses moyens de résistance. Le juge souverain d'une monnaie c'est l'opinion publique. Aussi longtemps que la France, consciente d'elle-même, lui gardera sa confiance, rien au monde ne pourra atteindre le franc. elle perd sa raison avec n sang-froid, nulle manœuvre, aussi puissantes qu'en soient les ressources, ne sera assurée du succès. Encore l'enjeu est-il beaucoup plus grand qu'il ne paraît. Ce n'est pas seulement le sort du franc qui serait mis en cause, c'est celui de toutes les monnaies-or européen nes, liées en faisceau autour de lui. Par eu iséquent, c'est une manche décisive qui se joue en ce moment pour toute la civi lisation contemporaine : ou bien un pro grès-vers la restauration de l'ordre moné taire international, ou bien la chute dans un chaos sans nom. F.-F. Legueu....