Extrait du journal

— C'est égal 1 avant de mourir, je descendrai encore un de leurs officiers. En disant cela, il jette son fusil devenu inutile pour lui, il tire son sabre, et, le bras tout fracassé, pendant, ne tenant plus que par les lambeaux de chair et de la man che, il s'élance à travers un orage de mitraille, escalade le talus ardu, arrive sur la batterie et plonge jusqu'à la garde son sabre dans la poitrine du capitaine d'artillerie qui la commandait. Le colonel autrichien l'aperçoit, court à lui et à bout portant lui brûle la cervelle d'un coup de pistolet. Ferrière tombe et meurt sur le corps du capi taine qu'il vieiit de tuer. Le fusilier Girard se lance de même sur une batterie, arrive à la bouche du canon au moment où le servant va tirer, le tue et reçoit dans la cuisse une balle qui le ren verse. Madame Cros, vivandière des chasseurs, jeune et jolie femme de vingt-deux ans, légitimement mariée à un chasseur, demande à son mari, le matin de la bataille, la permission de suivre les chasseurs pour panser les blessés. Le mari, qui reste en réserve, lui en donne la permission. Madame Cros suspend à son côlé son tonnelet d'eau-devie, se charge d'un bidon plein d'eau fraîche et d'un pa quet de charpie, et la voilà en marche. Elle se met dans les rangs des chasseurs et ne reste pas hors de la portée des balles. Elle est au milieu d'eux, ex posée aux mêmes dangers ; les balles sifflent autour d'elle, elle n'y prête aucune attention. Elle panse plusieurs bles sures, elle panse d'abord celle du cent-garde qui a été atteint d'une balle à la tête près de l Empereur. Quelques moments après, elle trouve un chasseur éten du par terre, blessé au côté, et mourant de soif et de fiè vre. Madame Cros s'approche de lui, se penche, soulève...