Extrait du journal

BILLET 1 ' A' M. le maire de Marseille . Monsieur le maire, nous aurons le courage de. vous le dire : . votre dernier taureau n'a eu aucun succès à Paris. Et l'on y est d'avis qu'une fois de plus Marseille exagère. Mar seille và trop loin; : Vous aviez eu la baleine, qui était un bon début ; puis vous avez eu l'ours ; puis la tigresse, qui ont fait leur petit effet. Mais entre la baleine et l'ours un délai" de plusieurs an nées s'était écoulé. Les personnes à qui les. grosses bêtes font peur avaient eu le temps de reprendre courage. On se disait qu'après tout il n'y a pas dé ville si bien gardée qu'on, ne soit exposé à y rencontrer, de loin en loin, un cétacê sous l'eau ou un fauve sur le-trottoir. Màis cette tig*ro«j«€, survenant trois semaines après l'ours, et ce taureau, survenant quinze jours après latigresse, ont jeté le désarroi dans les esprits. On s'inquiète.'Vous savez ce que c'est. Et déjà l'on parle tout bas d'autres sur prises que nous promet l'hiver. De mauvais plaisants tiendraient en réserve, dit-on, un boa constrictor qui ne demande qu'à explorer le cours Saint-Louis, et un chimpanzé formidable, impatient de se faire prendre pour une jeune fille par les médecins légistes du départe ment. Monsieur; le maire, méfiez-vous, et faites surveiller vos cages. Au moment de l'année où l'univers descend à Nice, il ne faudrait pas que Marseille fit peur... On vous a passé l'ours; on vous a passé la tigresse; on vous passe le taureau... Au nom du ciel, restonsen là pour quelque temps ! — S....