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Le Figaro, 6 août 1932

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Le Figaro
6 août 1932


Extrait du journal

•^J Le rapporteur général du budget, M. k Lucien Lamoureux, vient d'exposer de vant l'opinion, en un article retentissant, les difficultés du prochain budget, dif-' ficultés financières et difficultés politiques. Il le fait sans optimisme, dit-on. — Est-ce en manquer pour tant que de laisser au gouvernement la latitude de faire.voter des douzièmes provisoires? Ne serait-il pas particulièrement utile, du point de vue technique, de hâter la solution du problème dont l'urgence était proclamée en juin par le ministre des finances et que l'intervention socialiste et la... pusillanimité par lementaire ont ramenée à un simple ajournement ? Les économies sur les crédits de la défense nationale et l'aggravation de l'impôt sur le revenu n'ont pu faire que lés frais de ce renvoi après vacations. . Depuis lors on a vu, on voit encore en ce moment, 4U cours de l'actuel Congrès des instituteurs, l'état d'espritde's fonctionnaires. Ils suivent l'exemple des députés et se dressent contre toute diminution, quelle qu'elle soit, de leurs traitements. Certains pousse raient la résistance jusqu'à la grève. L'offre gouver nementale de les prendre pour conseillers dans la préparation des compressions de dépenses a, semblet-il, surtoùt donné conscience à leurs .groupements illégaux de leurs forces grandissantes. En vérité, se fît-elle, ce n'est pas l'entente des Fédérations avec le ministre des finances sur cer tains bouts de chandelle à éteindre qui contribuerait sérieusement au redressement nécessaire. Il s'agit de réparer des fautes lourdes commises en commun par les gouvernements et le Parlement. Il faut trans former la folie démagogique des dernières années en rude sagesse. Les prodigues doivent devenir par cimonieux. Les courtisans de l'électeur doivent agir en redresseurs impitoyables dans le seul intérêt public. M. Lamoureux se demande si M. Herriot fera, pour le budget qui vient, des concessions aux socia listes et à leur contre-projet. C'est se demander si le cabinet radical veut risquer l'aventure dont le chef du , gouvernement a dit qu'on ne la recommençait pas deux fois. C'est se demander -si, tournant le dos à la route que M. Palmade avait tracée dans son projet de rétablissement de l'équilibre, nous ferons un pas définitif vers l'abîme et vers la révo lution. Le mal vient précisément de ce briandisme intérieur qui a constamment cédé aux forces de gauche sous prétexte de les désarmer, et qui a con sidéré le budget comme un trésor inépuisable destiné à' satisfaire lès besoins légitimes ou discutables des masses électorales. « Nous devenons une nation de pensionnés, d'exonérés et de fonctionnaires », ont dit et répété tour à tour des argentiers dont la clair voyance n'allait pas jusqu'à découvrir le moyen d'arrêter ces largeçses. L'heure est venue de retourner en arrière, de remonter la pente. Il faudra le faire après avoir eu recours à des procédés ruineux et inefficaces, si l'on n'a pas le courage d'agir au plus tôt. Au mois de juin, le programme de déflation a été officiellement annoncé, détaillé. Un des ministres actuels, avant les élections, l'avait tracé lorsqu'il çtait, au Sénat, rap porteur du budget. Que faut-il pour l'exécuter enfin ? Il faut la force qu'un gouvernement balancé sur la corde raide de majorités incertaines ou chan geantes ne peut avoir; il faut « une majorité fidèle et résolue », dit M. Lamoureux. M. Léon Bérard en prévoit la venue dans un article de la Petite Cironde. Il lui semble que le Cartel cédera la place à cette union nationale que certains n'osent pas en core appeler par son nom, mais dont la nécessité se révèle, quotidienne, dans tous les détails et dans l'ensemble de la politique. Cette union ne se cons tituera pas par un dosage habile de quelques porte feuilles, au cours d'un remaniement ou d'une crise mesquine. Elle, doit être faite dans les esprits, au Parlement et au dehors. Elle doit être faite en raison des problèmes extérieurs qui restent inquié tants malgré pactes, accords, conventions et engage ments signés. Elle doit être faite. M. Coty n'est plus, comme en octobre dernier, seul à le dire. C'est faute de cette union que des efforts intelligents ont été vains lors de la tentative de la dernière session. L'union seule peut imposer aux Chambres et au pays l'élan pour le sacrifice, quelles qu'en soient la nature et l'étendue. Elle seule donnera au gouver nement la possibilité d'action contre le déficit, vers l'équilibre et pour la confiance. Rien n'aboutira tant qu'elle ne sera pas accomplie....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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