Extrait du journal

le monsieur qui ne sait pas jouer au bridge Il avait jadis une situation, une famille, et il détenait une très suffisante partie de l'es time publique. Il a perdu tout cela. C'est au jourd'hui un pauvre homme. On ne le regarde que de travers. On ne l'écoute guère. On ne lui répond pas... line peut sur aucun sujet émettre l'avis le plus timide sans provoquer immédiatement une sournoise -et agressive in différence. Il ne se mariera pas, ou il se ma riera mal ; sans doute avec une femme divor cée ou une veuve qui aura eu deux amants. La morale mondaine, qui sort tant qu'elle est toujours décolletée, dit . en effet : « Deux amants valent un divorce. > Le monsieur qui ne sait pas jouer au bridge ne sera jamais choisi comme témoin, fût-ce pour une naissance. On ne dit pas de mal de lui,— on n'en dit même pas de bien. On ne l'in vite à dîner que lorsqu'on a besoin d'un urgent quatorzième. Songez donc : il ne sait pas se rendre inutile ! Le monde ne pardonne pas cela. Bref, il occupe à peu près, dans la société moderne, la place ingrate et méprisée qu'y tenait jadis le fils naturel, et-, quoiqu'il n'ait jamais touché une carte, les plus indulgents, le désignent en murmurant : — Voilà un pauvre garçon qui n'a ^jamais eu de chance... Décembre et janvier sont les deux mois où se font les grandes réceptions et surtout les grands dîners. C'est, dans les familles, à qui fera assaut d'élégance et d'ordonnance artistique. Le vrai luxe consiste surtout dans le beau linge de table, avec .entre-deux de dentelle et ar moiries ou monogramme tissés à même la toile. Ces chiffres tissés sont plus aris tocratiques et beaucoup plus économi ques que la broderie. Cette spécialité est le triomphe de la Grande Maison de Blanc qui, fabriquant dans ses propres manufactures les belles lingeries dont elle a en ce moment, dans ses magasins du boulevard des Capucines, une mer veilleuse collection, peut les livrer dans des conditions tout à fait avantageuses....