Extrait du journal

L'enseignement de la Bourse d'hier La séance d'hier a été, pour notre marché financier, un « test », com me disent les Anglais. Elle a permis d'en mesurer le ressort. On pouvait craindre, en effet, que l'optimisme retrouvé de. la Bourse ne fût quelque peu ébranlé à la suite des incidents de jeudi soir à Genève. Il n'en a rien été. Une véritable sérénité a régné sur les échanges de l'ouverture à la clôture. C'est à peine si les Rentes ont été effleurées par le souffle malin venu de Genève : elles se sont contentées d'osciller au voisinage des cours de la veille. ■ Ce n'est pas ici le lieu d'examiner quel degré de gravité a atteint la conjoncture diplomatique, non plus que de supputer les chances d'ar rangement qui subsistent. Par contre, il nous est permis de constater que, depuis le début de la semaine, les difficultés internationa les ne pèsent plus du même poids sur la Bourse. Depuis quelques jours, on a pu dé celer ici et là des courants d'achats en Rentes Françaises émanant de la clientèle, de la vraie, de celle qui achète pour ne revendre jamais, de celle que canalisent les guichets de nos grands établissements de crédit. Ces courants ne sont encore que de minces filets. Mais leur nombre et leur importance paraissent grossir. Dans un pays économe comme le nôtre, même en pleine crise, il y a toujours un surplus de capitaux à investir. C'est ce qui explique que l'Etat ait pu emprunter au cours des trois dernières années à un rythme à peu près constant de 1.500 millions à 2 milliards par mois. Maintenant que, grâce aux économies budgétai res décrétées, le Trésor a des besoins plus modestes, cette épargne en for mation va prendre tout naturelle ment le chemin du marché de nos fonds publics. . > ' Et comme la spéculation locale se trouve très allégée a la suite des dé gagements auxquels elle a procédé en prévision des débats de Genève, ses prises dfe bénéfices ne sauraient venir contrarier une hausse éven tuelle. Toute éclaircie sérieuse dans la si tuation extérieure la déciderait mê me à appuyer fortement le mouve ment. Ces conditions sont éminemment favorables à une partie décisive sur nos fonds publics, à celle qui les menant au pair, assurerait avec le succès de l'entreprise gouvernemen tale, l'ébranlement de la thésaurisa tion. Encore faut-il que les maîtres du jeu soient décidés à appuyer une chance qui ne se représentera pro bablement pas. L'effort ne serait pas considérable. Il suffirait d'un peu d'habileté, voire d'audace... C'est, semble-t-il, renseignement de la séance d'hier. C.-P. Hobbé....