Extrait du journal

Octobre : c'est, une fois de plus, la rentrée des élèves. De la ville et des champs, les gamins cheminent vers les vastes ateliers intellectuels où ils sont censés, apprendre ce qui les rend plus aptes à la vie, ce qui leur fera la vie meilleure. Ceux qui ne demandent à l'école que le savoir primaire - lire, écrire, compter, et quelques notions de la nature - ne seront pas déçus. Ils garderont toujours, sortis de classe, l'avance sur les illettrés. Pareillement, de grands garçons à moustache dessinée déjà qui s'empressent vers les facultés y acquerront au moins de quoi gagner leur vie d'avocats, de médecins, de professeurs... Le bénéfice est moins certain pour les petits Français de dix à dix-sept ans, engouffrés dans les établissements d'enseignement secondaire et qui, là, doivent recevoir leur culture définitive. Tant de fois dénoncé, tant de fois modifié, que vaut-il aujourd'hui en France, ce pauvre enseignement secondaire ? Ce qu'on y a changé Pa-t-il rendu pratique, ou seulement viable? Est-il meilleur ou pire qu'hier? Sert-il à quelque chose ou n'est-il qu'une ennuyeuse formalité d'éducation, imposée aux jeunes bourgeois par leurs parents? Toutes questions que se posent en ce moment, non sans anxiété, beaucoup de ees parents - pères ou mères affairés, un peu tristes - qu'on voit circuler sur les lignes de Chemin de fer, menant à la geôle scolaire un ou deux prisonniers imberbes....