Extrait du journal

ceux-cî se Sont reliés à de grands maî tres parmi lesquels se trouve précisé ment Hugo. L'un d'entre eux n'écris vait-il pas ces temps derniers que l'an née prochaine tout entière appartiendrait à Hugo ? S'ils se piquent d'impertinence, ce n'est donc pas envers lui. Et que l'on dise après cela qu'ils ne savent pas ad mirer! ' : V Il est certain que le culte rendu à Hugo n'a jamais été plus fort que chez eux. Il n'en est plus un seul qui ne le place très haut. Serait-il possible qu'ils le maltraitassent ? Hugo n'est-il pas une sorte de prodige? Ce qu'il a créé n'est-il pas sublime ? Hugo , n'a-t-il-' pas incarné tout ce que la France compte de fier et d'émouvant ? Hugo a^été un poète immense. Il n'est pas excessif de dire .que s'il n'a pas tout 'fait il a tout entrevu. Chacun de nous descend de lui par quelque point. Estce qu'il n'a pas chanté Pan? Il était démesuré. C'était un de ces hommes énormes qui s'augmentent sans cesse de tout. Le théâtre, le roman, la poésie, l'histoire, il n'est pas un genre qu'il n'ait abordé; il les a tous traités d'une façon supérieure. Ce qu'il a' écrit de moins beau ce sont ses drames. Pour tant il a fait les Burgravës qui sont d'un tragique terrible, et le Théâtre en liberté où se trouvent des pièces d'une pureté toute grecque. Dans l'ode, dans la méditation, dans l'épopée héroïque, Hugo a montré une force sans égale. Il avait quelque chose de primitif. Il ne souffrait aucune es pèce d'intermédiaire entre l'univers et lui. En communication directe avec les choses, dans un effarement sans fin propre à l'esprit qui médite, plein d'horreur sacrée et de sombre extase, il a mis les flammes de l'amour dans l'idylle des Misérables; dans les Travail leurs de la mer il a transporté l'Océan avec ses marées*et ses balancements; enfin, il a heurté les tempêtes et les nèiges dans le livre de l'Homme qui rit. Avec cela il était capable de tendresse au plus haut point. En termes impétueux, dans Dieu et.dans la Légende des siècles il a affronté les plus grands problèmes, et il a écrit cependant lés odelettes délicates des Chansons des rues et des bois. En toutes ses œuvres il s'est toujours mon tré profond. II a mêlé la prophétie à l'in vention, il a. amalgamé le songe et le réel, et il a embrasé la terre d'une ré verbération splendide de l'Infini. Ains'i, avec tontes les enflures qu'il peut, avoir, tel qu'il est, inégal et rude, mais toujours extraordinaire, Hugo est ie ;pla§ grand poète que com pte la. France. Aussi celle-ci saura-t-elle certainement le glorifier.' '....