Extrait du journal

LES BRAS DE L'AGRICULTURE Le paysan. — Monsieur le député, hé, mon sieur le député ! Le député, s'arrêtant. —>• Bonjour, mon ami, bonjour... Qu'y a-t-il pour votre service ? Le paysan. — Je suis un de vos électeurs, monsieur le député, un de vos meilleurs... - Le député. — Je vous reconnais bien, par bleu ! (Il lui serre la main.) Le paysan. — Un fidèle quoi !... (Un si lence.) Eh bien ! voilà... j'ai un fils. Le député. — Très bien ! très bien ! Je vous félicite... Ayez des enfants, ayez-en beau coup... Faites-en de bons électeurs!... Le paysan. — Oh ! pour ce qui est de ça, nous ne craignons personne... Nous sommes tous de bons électeurs dans la famille, et le jour où les femmes voteront, la mère aussi en sera... (Un silence.) Alors, mon fils a vingttrois ans, il vient de finir son service... c'est un gaillard. Le député. — Tant mieux... L'agriculture a besoin de gaillards solides. Le paysan, se grattant l'oreille. — On dit ça... Mais je ne voudrais point faire dé mon fils un paysan... il n'a pas le goût, le petit. Le député. — Ah ! ah !... Et à quoi le des tinez-vous ? Le paysan. — Je ne sais pas... mais pas à cultiver la terre... Le député. — A-t-il de l'instruction ? • Le paysan. — 11 avait tous les prix à l'école. * LÈ dépoté. -- Que diriez-vous d'une plàce dans un bureau, dans un joli bureau ? Le paysan. — C'est ça... il voudrait entrer dans un bureau... ou bien... Le député. — Ou bien quoi? , Le paysan. Ou bien être domestique,.. L'un ou l'autre.^, il n'est pas fixé. , Alfred Cajus....