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Le Figaro, 12 janvier 1937

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Le Figaro
12 janvier 1937


Extrait du journal

Il pourrait s'agir, en tout autre temps, du Populaire. Un militant socialiste, dévoué à son parti, s'est fait vendeur du Populaire dans les rues de la ville. Un matin de dimanche surgissent dix solides garçons — à béret basque... — qui l'empoignent, le frappent, le terras sent et puis, dans le cercle des citoyens spectateurs, le laissent tuméfié, en par tie décousu. Voilà un désordre ou je ne m'y con nais pas ! dit M. le maire. Le lendemain, un arrêté tout frais est affiché sur les murs de la ville : « La vente du Populaire se révélant source de désordres, décidons et décrétons qu'elle est désormais interdite »... Que vous inspire, s'il vous plaît, la logique du magistrat municipal ? Il sera toujours possible en France de prendre au collet un tyran roublard et de le secouer comme un vilain enfant. Mon petit récit commence par une hypothèse. En réalité, il ne s'agit ni du Populaire, ni de garçons à béret basque, mais justement de journaux de position opposée et de militants à casquette. Et ces maires qui révèlent une idée aussi singulière de l'ordre pu blic sont socialistes ou communistes. Avant-hier, le maire de Troyes, à la suite d'une bagarre, interdit la vente de L'Emancipation nationale. Hier, pour quelques coups de poing, celui d'Avi gnon bannit Le Flambeau. Auparavant, ce fut Toulouse, Limoges, etc... A qui le tour ? La méthode est facile: deux douzaines de militants de cellule ou de section sont mobilisés contre un journal avec consigne de bien gueuler et de bien cogner — et tout aussitôt le journal apparaît un agent de troubles... Des journaux, l'on passera aux per sonnes. Alors, nos bateleurs de la paix et de la liberté n'auront» rien à envier au gouvernement d'un Etat voisin, qui jetait les tièdes au camp de concen tration afin de les « protéger ». Cela s'appelle en bon français la tyrannie. Le gouvernement a paru jusqu'ici souhaiter que les oppositions d'idées se règlent chez nous autrement qu'à coups de poing. Et la plupart des ci toyens le souhaitent aussi. Mais, si l'on continue d'ensemencer la province de petites tyrannies, il est à craindre que les vœux de M. Blum soient trompésLa liberté n'est pas à sens unique et les Français dépourvus de la carte S.F.I.O. ou de celle du parti stalinien ne sont pas des chiens couchés.— M. N. litfttlMlliiiiliiitiliimituiiiiAJiiliiitiiiiiiiutii tu tint nui iiiiiiiiiii DEMAIN :...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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