Extrait du journal

même de FIGARO, qu'on le veuille ou non, marque la tradition historique ? — Aux yeux de l'Etranger, FIGARO est resté longtemps, reste encore peutêtre, le principal intermédiaire entre la société mondaine et ce qu'on appe lait jadis : le boulevard. — Sans doute, en des temps bien dif férents de celui-ci, notre journal a re présenté pour l'Europe une forme, d'ail leurs éphémère, de l'esprit français, l'es prit du boulevard, l'esprit boulevardier. La guerre a tué tout cela. Qui voudrait le ressusciter aujourd'hui n'aboutirait qu'à de ridicules plagiats. Et puis, n'estce pas ? La France d'abord ! Quand nous aurons assuré l'essentiel, nous pourrons de nouveau penser au super flu. — FIGARO, en effet a perdu quelque chose de son scepticisme traditionnel. — J'ai souvent regretté que FiGARO fût parfois encore dans la dure nécessité de recourir à d'autres armes qu'à son sourire légendaire. Il m'est arrivé de de voir en appeler directement au public de certaines injustices intolérables. Les dé licats s'en plaignent, à quoi bon? Je ne rougis pas de me défendre. En me dé fendant, je défends l'œuvre qu'on se propose d'atteindre à travers moi. Au fond, personne n'a jamais agi autre ment. Ce qu'on me reproche, c'est de le faire avec franchise, à visage découvert, parce que je m'efforce d'être un homme simple, au milieu d'une société compli quée, dont la complication est à la me sure de son impuissance, c'est-à-dire qui complique tout pour n'avoir à agir en rien. Je suis un homme simple, je le répète, et qui a un but. La société dont je parle est compliquée, mais n'a pas de but. Voilà tout le secret de certains malentendus que je déplore. — En somme, vous croyez que sans déserter le service national, FIGARO devra, lin jour ou l'autre, retourner à sa vocation de moraliste parfois paradoxal ou même séditieux ? — J'irai plus loin. J'estime que ce mo ment-là est venu. La sédition de l'esprit! Nul ne la souhaite plus que nous. Bien que très différente, du moins en appa rence, de celle encore très hiérarchisée du xvir siècle, notre société, toujours en instance de révolution ou d'anarchie, j...