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Le Figaro, 15 janvier 1933

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Le Figaro
15 janvier 1933


Extrait du journal

Par GEORGES CLARETIE C'est en novembre que d'ordinaire le bâtonnier prononce son discours dans la grande salle de la bibliothèque des avo cats ; mais, cette année, la mort du bâton nier M" Léouzon le Duc a fait remettre en février cette cérémonie. Spectacle imposant. « Belle séance »* comme l'on dit toujours pour les- récep tions académiques, quelles qu'elles soient. Autour d'une grande table que préside M. le bâtonnier de Saint-Auban, le garde des sceaux, les bâtonniers des barreaux étran gers, les hauts magistrats en robes rouges, les membres du conseil de l'Ordre, les se crétaires de la conférence... Dans le fond de la salle, des gerbes de fleurs ornent la plaque de bronze où sont gravés les noms des avocats morts pour la patrie. lit c'est par la lecture de leurs noms, écoutée debout par l'assistance, que la séance débute. , Douze cent soixante-quinze avocats du barreau de Paris ont été mobilisés. Deux cent trente sont morts pour la patrie. Deux cent trente noms à lire... Et ceux qui ont vu la guerre, et dont les cheveux (quand ils en ont encore) sont maintenant blan chis, revoient en écoutant ces noms les confrères, les amis de jadis. Tout le Palais d'autrefois. Ils revivent les premières jour nées de la tourmente : Charleroi, la Marne, Verdun, puis la poussée victorieuse vers, le Bhin. Chaque nom marque une étape de la guerre, du sacrifice et de l'espoir...Mais, dépuis, les ans ont passé. Des jeunes sont venus, qui n'ont connu ni ces champs de bataille ni ces noms, qui pour eux ne sont plus maintenant que des syl labes lues par un lecteur au fond d'une salle devant des tapisseries et des livres. La liste funèbre semble longue ; bien des impatiences font frémir les toges noires qui voudraient s'asseoir. Qui sait? Un jour viendra peut-être où la liste sombre ne sera même plus lue, où l'on n'aura même plus la minute de silence pour songer aux morts. Et ce jour-là sera plus triste encore... Ce sera 'a fin du nos souvenirs, de nos héros et de nos espoirs... La fin de tout. Chaque année — est-ce parce que je vieillis et deviens plus sombre ? — je note un peu plus cette sorte d'indifférence, de...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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