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Le Figaro, 16 juin 1933

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Le Figaro
16 juin 1933


Extrait du journal

La saison de Paris semble dépasser ce qu'on pouvait en attendre cette année. Malgré toutes les préoccupations du jour, elle a éclaté dans la lumière du printemps comme une floraison. Les réceptions se sont multipliées. Voici la grande semaine, celle qui sépare le grand prix d'Auteuil du grand prix de Longchamp. Chantilly a déjà jeté son éclat. Et que d'expositions, que de spectacles ! Ceux et celles qui ont quelque fierté de représenter le Tout-Paris se rencontrent sur les champs de courses, aux garden-parties, aux cocktails de six heures, aux vernissages. Leur premier mouvement est de se chercher. Ici, devant ces tableaux, ces eaux-fortes, ils échan gent des impressions d'avant la lettre: « Comme c'est beau, c'est admirable ! » Ils espèrent bien tout à l'heure y jeter un coup d'œil. Là, ils finissent d'écouter un virtuose avec le senti ment qu'on les attend encore à un «porto», qu'ils vont ce soir à l'Opéra ou aux ballets russes. C'est trop, mais ce trop n'est-il pas néces saire ? Que serait une saison qui ne nous bous culerait pas un peu ? On est parfois tenté de plaindre les femmes qui, livrées à ce flot, n'ont plus le temps de respirer. Elles se plaignent, d'ailleurs, mais avec un sourire où se voit une agréable pitié pour d'autres qui n'ont pas été de telle réunion, de telle fête. Leur fatigue même leur ajouté comme une parure qui les distingue. Et elles reprennent conscience de jouer un rôle sur ce grand théâtre aux yeux du monde qu'est Paris. Cependant, les personnalités ne se détachent point coftime elles se détachaient autrefois, jus tement parce que la scène de ce théâtre est devenue trop grande et trop peuplée. On passe aussi trop vite. Comme on avait loisir, dans les équipages, au retour des courses, de recon naître les silhouettes familières ! Ne savait-on pas que tel sportsman conduisait un phaëto.i, que telle femme élégante et gracieuse avait un attelage de chevaux blancs ? Ceux mêmes qui, modestement, sur les trottoirs de l'avenue du Bois ou des Champs-Elysées, venaient assis ter au défilé, se sentaient touchés, flattés dans leur amour-propre de Parisiens par le luxe et la gloire de ces retours. Et que dire de la journée des drags ? Ils étaient nombreux, fleuris de toutes les toilettes, j de tous les chapeaux à la mode du temps. Des ' sons de trompe les annonçaient. On citait les | noms des propriétaires qui conduisaient, dignes j et corrects, à l'anglaise. Sur ce mail, quelques- ; unes des plus jolies femmes de Paris. Sur cet j autre, un essaim de jeunes filles. On croyait | les entendre. Aujourd'hui, on a conservé le nom de la journée des drags. Touchant respect de la tradition! Il n'en restait qu'un, l'an dernier. La saison de Paris, elle se reconnaît aussi à tous les accents qui frappent l'oreille dans les rues, les théâtres et les salons. Paris reçoit. Il nous paraît bien quelquefois un peu envahi. Mais je ne sais quoi de sa pensée, de son goût reste toujours dans l'air. Le succès y a une sonorité toute particulière. Et l'on comprend pour les artistes, pour les femmes tout l'attrait de la saison de Paris. Georges de Lauria....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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