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Le Figaro, 16 mars 1928

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Le Figaro
16 mars 1928


Extrait du journal

Voici venir, dans le « futur des temps », Pâques et tout ce que cette date implique de renouveau et de transformation dans l'an née. C'est la porte de l'été. Derrière, tout un cortège ténébreux de jours froids et tristes. Devant, la joie, la lumière, les prémices de la saison heureuse. Et déjà certaines villes font, si l'on ose dire, « peau neuve ». Ce sont les villes d'eaux, les plages que le temps n'a pas comblées de fa veurs et qui ne connaissent que durant les beaux jours l'afflux des visiteurs. Si le hasard vous fait traverser actuellement une de ces villes, vous la verrez agitée d'une fièvre légère. Les peintres et les menuisiers se mettent en devoir de Fétayer et de la réchampir. Les jar diniers fouillent et retournent le sol. Dans quel ques semaines, si vous revenez, vous ne trou verez que devantures bien vernies, enseignes alléchantes, et derrière les comptoirs de la pâ tisserie en vogue, le même sourire rouge élec trique de la vendeuse dont les bergères pom ponnées des trumeaux Louis XVI lorgnent la nuque rase. La verdure ceindra les bassins écumeux et les fleurs des corbeilles happeront dans la brise quelques motifs de danse envolés du kiosque à musique. Pour l'instant, la ville ressemble à un théâtre avant le spectacle. On apprête les décors, on met au point la machinerie, on règle les détails que le spectateur ne remarquera peut-être pas, mais qui concourront à son plaisir. Est-ce cela qui donne aux villes d'eaux, dans l'apaisement de la saison morte, cet air qu'on leur voit et que n'ont point d'autres villes ? Celles-là sont faites pour le plaisir. Elles vivent de lui ; elles vivent pour lui. Il s'est insinué dans leurs veines et leur a fait ce visage lan guide et ardent. Même lorsqu'elles sont privées des attraits dont elles s'ornent en leurs jours fastes, même sous le ciel d'hiver, la mélancolie qui traîne toujours dans les cités assoupies est chez elles légère et comme voluptueuse. Et je sais bien qu'elles sont, ces villes, des modèles d'artificiel. Mais, l'artificiel, n'est-ce' point l'hu main ? Et nuls lieux peut-être ne sont plus humains que ceux-là dans le temps qu'ils voient justement le moins d'hommes. Roger Dardenne....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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