Extrait du journal

L'Union du commerce et de l'industrie polir la défense sociale invite nos parlementaires à délibérer sans tarder sur un projet de loi en faveur du vote familial, jadis déposé par M. Roulleaux-Dugage et pris en considération par la Chambre voici un peu plus de trois ans. « Il ne vous échappera pas, disent à leur député ces commerçants et ces industriels, qu'au mo ment où la crise de la natalité menace la vie même de la France, le premier remède consiste à faire des législateurs les représentants de la fa mille française, cellule de la société et avenir du pays. » C'est fort sagement pensé et il semble qu'on ne saurait trop appuyèr un vœu aussi conforme à l'essence même de la politique ; car il n'est pas de meilleure façon de faire entendre à ceux qui la dirigent qu'elle suppose que l'homme n'est pas un être d un jour, sans lien avec ceux qui l'ont précédé, sans responsabi lité envers ceux qui le suivent. ' Le vote familial, comme la représentation professionnelle, paraît le moyen le plus pra tique de mettre un commencement d'ordre dans le suffrage universel, et c'est à cette grande réforme bien plus encore qu'à « la proportion nelle » que cette Chambre finissante devrait, pour se survivre à elle-même et faire oublier ses folies, consacrer ses derniers efforts. Si l'on veut que le Parlement soit « une image en raccourci de la nation » on ne saurait se contenter de compter les voix et de les con sidérer comme toutes égales. Une nation se compose de familles et non d'individus, de corps de métier, voire de collèges moraux. Ces familles, ces corps, ces collèges devraient, pour rester dans la vérité du régime parlementaire, être représentés, posséder des voix pour faire entendre leurs désirs, expliquer leurs besoins, exprimer leurs volontés. Il y a longtemps que Balzac et Bonald, Le Play et Auguste Comte ont établi ces grandes vérités, et j'ai gardé le sou venir d'une forte étude que M. Bourget publia quelques mois après le dépôt du projet de loi de M. Roulleaux-Dugage pour montrer que le vote familial ne serait -que la mise en œuvre de là doctrine professée par ces remarquables observateurs de la vie sociale. Le fait nouveau et d'un intérêt considérable^,p'ëst qu'aujourd'hui les doctrinaires, les moralistes ne sont plus seuls à vouloir donner au père de famille une influence plus considérable dans l'élection de nos législateurs et que l'impulsion vient d'hom mes pratiques : des agriculteurs, des indus triels, des commerçants. On en est donc venu à comprendre que le nombre, suivant l'excel lente formule de M. Bourget, n'épuise pas toutes les réalités de la nation... Les bons Français qui voudraient voir les élections s'accomplir dans les conditions les plus saines ne devraient pas avoir de cesse qu'ils aient obtenu cette espèce de refonte du suffrage universel. La réforme est urgente si l'on veut éloigner les charlatans, les manœu vriers et les profiteurs de toute espèce. Et puis, il y a plus d'intérêt encore à relever par un privilège évident le prestige et l'autorité du père de famille. — Lucien Corpechot....