Extrait du journal

Mon: confrère M. Welschinger a fait paraître, il y a vingt-cinq ans, une Vie du duc d'Enghien. L'édition était épuisée. Il en publie aujourd'hui une seconde, ou, plutôt, une nouvelle fort différente de l'ancienne. Cette édition necomprend, en effet, comme le sous-titre l'indique, que l'enlèvement d'Ettenheim et l'exécution de Vincennes. Mais elle apporte, sur ce tragique sujet, des documents nouveaux. M. Welschinger s'est proposé cte répondre à de timides tentatives d'apologie et à d'habiles plaidoyers. Aussi a-t-il entrepris de réviser le procès. Singulier procès, où les situations sont renversées : l'accusé est devenu une victime ; les juges sont devenus les accusés. Et ce ne sont pas seulement les juges que M. Welschinger cite à la barre de l'histoire, c'est d'abord l'auteur principal, celui qui a écrit ces lignes sinistres : « Faites entendre aux membres de la commission qu'il faut terminer dans la nuit et ordonnez que la sentence, si, comme je n'en peux douter, elle porte condamnation à mort, soit sur-le-champ exécutée et le condamné enterré dans une des cours du fort. » Ce sont ensuite tous ses complices, tous ceux qui ont contribué a l'arrestation, à la sentence, à l'exécution et qui ont pris part à l'acte ope aut consilio, comme dit la vieille formule du droit criminel, soit qu'ils aient joué un "'rôle personnel et direct dans l'attentat, soit qu'ils y aient poussé, soit qu'ils aient tenté de le justifier après coup....