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Le Figaro, 17 septembre 1930

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Le Figaro
17 septembre 1930


Extrait du journal

Sous ce titre, l'Ami dit Peuple a publié hier matin l'important article suivant : Tous les Français ont pu suivre les péripéties du formidable procès que,l'Ami du Peuple sou tint contre le Consortium des grands journaux et qu'il gagna devant le Tribunal de Commerce de la Seine et devant la Cour d'Appel de Paris, s ïl'clï ont*"pas»"perdu la mémoire. Ils savent comment fut proclamée la liberté de pensée, celle de publier et de vendre un journal qui veut garder sa pleine indépendance. Et cette in dépendance, L'Ami du Peuple a bien montré; depuis, qu'il entendait l'employer chaque fois que les intérêts majeurs du pays sont mis en cause ou menacés par de puissants Syndicats d'appétits. Au moment où les avocats du Con sortium, renversant audacieusement les rôles, se posaient en défenseurs de la liberté de pensée contre le joug de l'or, la discussion du budget de la Radiodiffusion apportait à la tribune de lit Chambre des révélations graves et troublantes sur la toute-puissance d'un Trust international dont la « grande presse ;> s'est bien gardée de parler à ses lecteurs.. Ainsi apparaît, d'une manière éclatante, l'atti tude double et contradictoire de ceux qui ne pré tendent se réserver le monopole de renseigner l'opinion que pour mieux lui cacher les agisse ments de ses exploiteurs. Ils ne disent pas un mot de l'entreprise colos sale qui met en péril la liberté de notre pays, parce qu'ils en sont les complices et les béné ficiaires ; mais ils partaient tous en chœur, avec une fureur puérile, contre le Français audacieux qui, au grand jour, et seul contre tous, se per met de défendre cette liberté menacée. N'ayant pas réussi à l'accabler matérielle ment, malgré toutes les manœuvres d'étouffement auxquelles ils ont eu recours, malgré la véritable « chasse à l'homme » organisée contre lui, ayant compris qu'il était de taille à leur résister victorieusement, ils l'accusaient de vou loir violer la liberté, lorsqu'il entend, au con traire, la sauvegarder de leur emprise. Mais, à côté d'eux, dans leurs rangs, l'un des plus puissants, le plus puissant, peut-être, parmi les seigneurs de Finance qui les subvention nent, réalise peu à peu, sournoisement, le trust de la T. S. F. française. Il tend à devenir, en fait, le maître des « émis sions >> du pays... dans tous les sens du mot ! Seul, en France, il pourra bientôt parler ait monde par les ondes hertziennes, comme il lui plaira et sans contradicteur ; répandre les in formations qu'il voudra ; taire celles qui lui déplairont ; présenter sa vérité, naturellement conforme à ses intérêts fausser le cours de la politique ; exécuter des cyups de Bourse et des opérations de change ; accaparer, en somme, el confisquer à son profit la pensée française, au seul service de ses entreprises financières inter nationales .' Tout cela est très bien ; tout cela paraît nor mal, légitime, sans danger, à ces Messieurs du Consortium. Us se gardent d'en souffler mot, puisque cette organisation* consolide une combi naison dont ils bénéficient. Mais que, par contre, un Français authenti que et indépendant, comme M. François COTY, se permette de consacrer sa fortune à fonder un journal qui dise courageusement la vérité au peuple et serve seulement le bien public : c'esl, aussitôt, un toile général contre une entreprise si intolérable, contre un abus si scandaleux ! Pensez donc ! S'il allait battre en brèche l'in fluence, jusque là sans rivale, du Consortium et lui faire perdre ainsi les profits d'un mono pole si bien concerté : quel crime abominable ! Il est permis et légitime, aux yeux de ces Messieurs, de mettre la pensée française au ser vice de l'or international ; mais il est coupable et défendu de mettre l'or honnêtement gagné, par un Français, au service de la pensée fran çaise. Voilà précisément de quelle façon a été posé le problème soumis à la Cour, et sur lequel le rI ribunal de Commerce, dans sa courageuse in dépendance, avait déjà rendu l'éclatant juge ment que l'on sait. Pour qu on ne- croie pas que nous exagérons ou que nous dénaturons les faits, voici mainte nant les très graves paroles prononcées à la Chambre, le 6 février (Journal Officiel, 7 février, p. 504 et 505) : r* * * M. RAOUL AUBAUD : » Ou aurait tort de « traiter à la légère le problème de la radiodif» fusion. Le Parlement a le devoir de se rensei« gner, et l'opinion a le droit d'être informée. » Un journaliste a pu écrire cette phrase f lourde de sous-entendus et de menaces pour » notre sécurité morale : <■< Il s'agit de savoir si » ce levier de commande formidable que cons» titue la radiodiffusion sera remis entre les » mains de la nation elle-même par" le moyeu...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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