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Le Figaro, 18 novembre 1901

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Le Figaro
18 novembre 1901


Extrait du journal

*** Je" ne crois donc pas que les Avariés eussent été. un succès. Et l'on peut le dire sans blesser aucunement M. Brieux, puisqu'ils sont, à l'heure qu'il est, un triomphe. Cette soirée a été vraiment exceptionnelle. On y a vu des specta teurs enthousiasmés monter sur les planches. IL est vrai que c'étaient des dé putés. Le public, légèrement désorienté, a pu croire un moment que le spectacle allait se. terminer par une saynète, et quand M. Camille Pelletan est entré en scène, des spectateurs peu renseignés se demandaient déjà quel était ce jeune premier ; mais aux premiers mots du bouillant orateur, on s'est bien vite aperçu qu'il ne venait faire de déclara tions à personne. : Il se lança, au contraire, dans une charge à fond de train : . M. Camille Pelletan £e croyait au Pa lais-Bourbon, ce qui ne semblait pas indiquer qu'il vint de s'amuser beau coup. Et tout en tonnant contre la cen sure, il eut pour la pièce de M. Brieux quelques mots qui manquaient de cha leur. D'autres orateurs prirent égale ment la parole. Il en était arrivé de la Chambre, il en arriva du Conseil muni cipal. Par bonheur, le Sénat était couché â cette heure-là; autrement, nous y se rions peut-être encore. Tout ce monde fit le procès de la censure, mais personne ne lui reprocha en termes formels d'avoir interdit les Avariés. Il semblait qu'on lui en voulût d'une façon beaucoup plus générale. Elle avait l'air de payer de plus graves méfaits que celui-ci, sur lequel on eût probablement passé con damnation. * II faut dire qu'il y avait un peu là de la faute de M. Brieux. Lui-même avait, avant de lire sa pièce, prononcé un petit discours. L'éloquence aussi, hélas ! est contagieuse. Il avait cri* devoir expliquër à son auditoire qu& si les Ava riés avaient été joués, il aurait fait pré céder la représentation d'une annonce au public. Un régisseur fût venu décla rer préalablement aux « mesdames et messieurs » qui étaient dans la salle qu'il ne fallait pas s'arrêter aux côtés scabreux du sujet, et qu'on ne devait considérer que les intentions de l'auteur qui étaient très pures. Je ne sais pas si cette annonce aurait produit l'effet que M. Brieux en atten dait. Il est plus vraisemblable, au con traire, qu'elle aurait jeté un froid. Une telle précaution n'eût pas manqué d'in quiéter bien des assistants, et plus d'une spectatrice aurait fait la même réflexion que cette grande dame du temps jadis devant qui un galant conteur s'excusait...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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