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Le Figaro, 18 octobre 1857

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Le Figaro
18 octobre 1857


Extrait du journal

(Un salon élégant, et, dans ce salon, un homme ri che qui s'ennuie, un'livre à la main, les pantou fles appuyées sur les chenets d'une cheminée où soupire, en se consumant, une bûche écarlate. Deux heures et demie du matin.) l'homme riche, seul; il essaye de lire. — Pas un mot de vérité! toujours d'impossibles fictions! Les romanciers, depuis que Balzac n'est plus, ont complètement oublié leur métier. Je ne continuerai pas. (Il ferme le roman.) L'idée que j'ai eue aujourd'hui me récréera peut-être pendant quelques instants. Je saisirai probablement quel que détail de mœurs ignoré ; je prendrai sur le fait un sentiment, un caractère. Dans tous les cas, cela me fera toujours pas'ser une heure ou deux, comme dit le juge Dandin à propos de la question. Mais, cessons de parler haut ; j'aurais l'air d'un acteur. (Un domestique entre, ap portant un amas de lettres dans une coupb.) l'homme biche. — A-t-on exécuté mes ordres, Jean? le domestique.—Oui, monsieur ; et voici le contenu tout entier de la boltejiux lettres du coin de. la rue Ri chelieu. l'homme biche. —C'est bien ; posez cela là-dessus. le domestique. — Nous avons eu ,un peu de mal, comme monsieur le pense bien. Le garçon épicier qui dort dans l'arrière-boutique a entendu le bruit que nous fai sions et est accouru ; mais le coup était terminé ; Georges et moi, nous avons pu regagner l'hôtel sans rencontre. l'homme biche. —Vous ne vous coucherez pas ; vous resterez dans le cabinet à côté. Apprêtez de la cire. Il fau dra, bien entendu, recacheter toutes ces lettres et les aller jeter à la grande poste. Je vous sonnerai. le domestique. — Oui, monsieur. (Souriant. ) C'est égal, c'est tout de même un drôle de métier que monsieur nous a fait faire ce soir. l'homme biche, prenant deux billets de banque dans un portefeuille ; il en donne un au domestique et jette F autre dans le feu. —Voilà ce que votre observation vous fait perdre. r le domestique. — Monsieur est bien bon. ( Il salue et seSretire.) ■> \ '. l'homme biche, seul. — Allons ; cette fois, je tiens la vérité au fond de cette coupe. Intérêts, passions, douleurs, espérances, vices et vertus, qu'allez-vous me dire"? qu'al-...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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