Extrait du journal

On nous a changé les Etats-Unis de ?notre enfance.-L'Amérique de Tocqueville fit du bon Laboulaye était bénigne, libérale, humanitaire et pacifique ; on la citait en exemple aux nations déprédatrices. Ce fut le rêve d'un rêve. Entre un électeur de M. Roosevelt et un partisan d'Abraham Lincoln il y a autant de différence qu'entre un ingénieur du Japon moderne et un samouraï .à double sabre. L'Américain nouveau jeu possède tous les appétits, toutes les convoitises, toutes les boulimies,- même celle de l'art. Ses aïeux, utilitaires et modestes, se piquaient médiocrement d'esthétique. Maintenant les milliardaires de l'Union rêvent d'un trust des Botticelli; s'ils couvrent d'or les marchands de tableaux, c'est par piété pour Rembrandt. Ils ne tiennent pas moins aux primitifs qu'aux torpilleurs. Admirons-les et ne regrettons rien. En ce domaine, nous avons barre sur eux. D'ailleurs ils se mettent à. notre école, et de très bonne grâce....