Extrait du journal

Stanley réunit son monde et demanda si l'on était disposé à se passer du congé de Mirambo pour aller plus loin; en un mot si on voulait le combattre? Ceux qui ont vu Stanley diront avec moi que cette proposition a dû être faite dans les termes les plus persuasifs, étant donnée l'énergie de l'orateur.Tout le monde acquiesça et le blanc prenant la tête courut sus à Mirambo qui ne tarda pas à se montrer. A son aspect tous les hommes de Stanley s'évanouirent comme fumée et le journaliste ne dut son salut qu'aux ténèbres et aux hautes herbes qui l'aidèrent à se dissimuler et à battre en retraite. Le moyen de passer de vive- force lui manquait donc; il lui en restait un autre tourner le bandit c'est à dire arriver par une courbe au lieu de suivre la ligne droite. Je passe sur les précautions et les alertes pour arriver au moment où, du haut d'une colline, l'explorateur découvrit à ses pieds un village silencieux où tout paraissait mort. Personne ne se montrait. La position dominante de la petite, troupe étant excellente pour la • défense, et, d'un autre côté, avant d'aller plus loin, la prudence exigeant que l'on sût si ces maisonnettes cachaient des amis ou des ennemis, Stanley, en guise d'appel, ordonna à ses hommes de décharger leurs armes. La population se montra aussitôt et l'accueil fut des plus sympathiques alors au milieu du bruit, Stanley dont les oreilles autant que les yeux étaient sans cesse en éveil, crut percevoir quelques mots de mauvais anglais. On comprend la joie qu'il en dut ressentir si un de ces indigènes d'une tribu perdue au milieu de l'Afrique parlait anglais, un anglais avait dû le lui apprendre; un anglais avait passé par là et cet anglais ne pouvait être que Livingstone....