Extrait du journal

La situation intérieure, en Allemagne, s'aggrave de jour en jour. Ce n'est plus la « petite guerre civile », mais bel et bien la guerre civile, sans aucune épithète restrictive. Si nous ouvrons les journaux, nous voyons la première page presque entièrement occupée par Je dénombrement des col lisions et des rixes qui ont eu lieu la veille, pro voquant des morts et des blessés nombreux. Voici, par exemple, la Gazette de Francfort du 19 juillet : « A Altona, douze morts, soixante-huit blessés, dont seize très grièvement. A Greifswald, deux morts, vingt-cinq blessés. A Leipzig, dix-sept blessés. A Gladbach-Rheydt, six blessés. » Voilà le « tableau » d'une seule journée. De pareils chiffres jettent une lumière insoupçonnée sur l'anarchie et l'état des esprits e^A Allemagne. Si l'on ajoute que, dans la même page, la Gazette de Francfort annonce encore de graves bagarres en Haute-Bavière et, sur d'autres points, des ba tailles rangées entre nationaux-socialistes ,et com munistes, au cours desquelles il a fallu faire inter venir un "escadron de cavalerie avec un détache ment de mitrailleuses, on aura une idée d'ensemble des événements quotidiens dont l'Allemagne est le théâtre. Tel est le résultat le plus clair de la levée, par le cabinet Papen, de l'interdiction du port de l'uni forme et ,du rétablissement des troupes d'assaut hitlériennes. En dépit du décret interdisant toutes les manifestations en plein air, il paraît peu pro bable que d'ici au 31 juillet, date des élections au Reichstag, la chaudière germanique cesse de bouillir. Tout porte à croire, au contraire, que, dans les jours qui vont venir, la tension politique ne fera que s'accroître, les violences que redou bler, le tout pour le plus grand profit du parti...