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Le Figaro, 22 mars 1932

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Le Figaro
22 mars 1932


Extrait du journal

Le Sénat, après-demain, va entendre le rapporteur général de la commission des finances. Et celui-ci renouvellera, diton, les réserves formelles de cette com mission relativement aux évaluations et aux méthodes qui ont présidé à l'établissement du budget. Ces ré serves ne seront pas des révélations. Ni les ministres, ni la majorité n'ignorent les défauts de ce projet ; au surplus, un radical, M. Lamoureux, l'ex-rapporteur général du budget à la Chambre, les avait mis en lumière ; un radical, M. Georges Bonnet, avait été mandaté par son groupe pour demander le rejet de la loi; puis, cette manœuvre ayant échoué, un au tre radical, M. Palmade, expliquant le vote de ses amis, a fait une critique sévère de l'œuvre financière de la Chambre et du gouvernement. Le président de la commission des finances du Sénat; M. Jeanneney, , qui à rédigé samedi le communiqué de désaveu au quel nous faisons allusion, est membre de la gauche démocratique et radicale-socialiste ; enfin, M. Abel Gardey, le rapporteur général dont le discours ou vrira jeudi le débat, appartient au même groupe. D'où vient donc ce désir radical d'enlever au Par lement et au pays, sur la qualité de ce budget de crise, des illusions qu'ils n'ont pas ? Un organe du Cartel nous en expliquait hier, sous la signature d'un député radical, la raison : Il faut, décla rait-il avec une parfaite et rare franchise, que nous puissions dire aux "électeurs : si le budget n'est pas en équilibre, si les caisses sont vides, ce n'est pas notre faute. Voilà le motif de cette désapprobation continue. Les radicaux s'imaginent qu'ils sont à la veille de revenir au pouvoir et ils y veulent arriver blancs comme.neige. Us entendent se préparer des boucs émissaires, car ils songent à prendre des mesures ana logues à celles qu'ils ont empêchées et devant les quelles a peut-être eu raison de reculer le gouverne ment, soucieux de ne pas écraser totalement les contribuables. La crise des théâtres, une fois de plus, nous montre, aujourd'hui, l'effet des taxes ex cessives sur "les industries paralysées. Nos fi nanciers de cartel s'excuseraient d'être contraints d'y recourir. « Ce ne serait pas leur faute ». Les lois démagogiques qu'ils vont, dans leurs affi ches, se vanter d'avoir fait aboutir, les radicaux se proposent d'en rejeter rétrospectivement, sur la ma jorité actuelle, les responsabilités financières. Si le malheur voulait que la France vît leur succès aux élections de mai prochain, ils augmenteraient les im pôts d'un cœur léger : crédits d'amorce, lois d'assu rances, subventions, gratuité scolaire, majorations de pensions, multiplication des fonctionnaires, à l'heure des conséquences, ils se couvriront de leurs adver saires ; ils se poseront en réparateurs des erreurs d'autrui ! A les entendre, n'est-ce pas toujours leur rôle ? N'ont-ils pas, dans ce début d'offensive élec torale, l'audace de se présenter comme les sauveurs du franc ? Sans eux, disent-ils, M. Poincaré n'aurait rien pu. Ainsi, le nageur qui n'a pas étranglé celui qui s'est jeté à son secours peut déclarer que ce nageur lui doit la vie... Pour un peu, ils affirmeraient que c'est l'ancien président de la République qui, ayant fait monter la livre à 240 francs, est allé leur dé mander de venir rétablir la confiance. Il y avait, en 1928, à la fin de la législature, 19 milliards en caisse. Les radicaux n'hésitent pas à s'en attribuer la gloire. Ils passent sous silence des incidents à leurs yeux négligeables : les causes de la chute du cabinet Herriot-Clementel, les lois d'in flation, et ce soir de juillet 1926 où la fermeture des guichets de la Banque était officiellement prévue pour le lendemain. Us veulent oublier que la Cham bre du Cartel finit, gouvernée par M. Poincaré, qui a sauvé le pays de la politique des gauches, en substituant à leur bloc l'Union nationale. Les électeurs, en écoutant les professeurs de science financière du Cartel dénoncer aux tribunes du Parlement et des salles de réunions les faiblesses du budget de 1932, feront bien de se rappeler ce que firent ces censeurs quand ils étaient au pouvoir....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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