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Le Figaro, 24 février 1867

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Le Figaro
24 février 1867


Extrait du journal

Voici un prêtre attaché, par les mains et la tète, dans une cage de fer à peine assez grande pour que le corps plié en deux puisse y loger ; un autre lié à un. long bâton comme à un tuteur est flagellé depuis plu-: sieurs heures et rend l'âmè ; .un troisième est mis à deux genoux sur une chaîne tranchante, les bras en croix. Voici un martyr, un évêque, coupé en mor-; ceaux par un bourreau ivre qui s'y est repris à sept: fois ; un vieux missionnaire traînant sa cangue, battu aux chevilles et souffleté de semelles de cuir. Les mandarins, grands et petits, assistent impassibles à toutes ces horreurs au milieu d'une triple haie de sol dats armés de piques, de sabres et de fusils. . Ici ce sont des scènes d'apostasie. Les uns foulent aux pieds la croix pour échapper au bourreau; d'autres qu'on.presse, qu'on pousse, mais vainement. «Donne ton pied, qu'on y mette la croix; tu fermeras les yeux, tu marcheras et tu t'en iras après te faire absoudre.» Le missionnaire refuse, et on lui brûle les pieds. Un tableau qui ferait venir les larmes aux yeuxTes"plus secs, représente le Supplice des cent plaies. Cette scène n'a de comparable pour l'atrocité que la voltige des soldats à, cheval qui tourbillonnent autour des missionnaires et îteut voler leurs têtes à coups de sabre. Les chairs sont arrachéès par bandelettes, un bâil lon sur les lèvres et un caillou dans la bouche du p.aiient étouffent ses plaintes. Cette mort fut celle d'un de nos missionnaires français, le vénérable Joseph Mar chand, du diocèse de Besançon. La toile est vraiment ïî«lie : la figure du prêtre est rayonnante de joie et d'espérance; les bourreaux attendent sa mort pour lui trancher la tète et couper son corps en morceaux. Un autre tableau montre un bourreau qui, après avoir achevé son œuvre, lèclie son sabre dégoûtant de sang et s'apprête, pour se donner du courage, à manger le cœur de sa victime. «Ils disent qu'ils ont le pouvoir de ressusciter.un jour, alors mettez-les en pièces ; » voilà •comment bien des fois les mandarins ont cru légitimer leurs dernières cruautés. ' * * * A côté de ces scènes dont le pinceau des peintres in digènes est inhabile à farder l'horreur, il y a des épisodes touchants. Des chrétiens, au risque d'être condamnés...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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