Extrait du journal

Hier M. Léon Bérard, de l'Académie Fran çaise, s'est rendu à Château-Thierry où il visita d'abord la maison de La Fontaine. L'ancien ministre était accompagné dans cette visite, qu'il ne faisait pas pour la pre mière fois, par M. Hachette, sénateur de l'Aisne, et par M. Riboulot, président de la société archéologique et historique de Châ teau-Thierry, auxquels s'étaient jointes di verses personnalités locales. M. Riboulot prononça un charmant dis cours, plein d'érudition et de bonhomie, et M. Léon Bérard répondit par une allocution malicieuse. Après s'être ainsi sanctifié dans un tem ple insigne de nos Lettres, M. Léon Bérard assista à un banquet politique, à l'issue du quel plusieurs discours furent, naturellement, prononcés. M. Hachette et H. Bérard insistèrent avec force l'un et l'autre sur la nécessité du maintien de l'union nationale et d'une grande discipline du pays en face des dangers inté rieurs et des périls extérieurs. M. Léon Bérard ne manqua pas de sou ligner que des paroles de sagesse s'impo saient, particulièrement, dans la cité où La Fontaine vit le jour. Là, en effet, la pru dence et le bon sens semblent baigner les esprits et le contour des choses. L'orateur fit ce rapprochement : « Quand Voltaire se rendit en Allemagne et y séjourna, quand Diderot se rendit en Russie, comment ces écrivains furent-ils accueillis l'un et l'autre ? L'histoire nous a rapporté que leurs conditions de vie furent vraiment enviables. Eh bien ! comment Vol taire serait-il accueilli dans l'Allemagne d'aujourd'hui ? Comment Diderot serait-il accueilli dans la Russie d'aujourd'hui ? Ils étaient pourtant les hôtes, alors, de monar chies absolues... » Et M. Léon Bérard, reprenant une idée qui lui est familière, ajouta : « Gardons les yeux ouverts sur ce qui se passe au dehors. Les régimes à forme parlementaire, les institutions démocratiques se raréfient, il s'agit pour ceux qui tiennent les rênes du pouvoir d'être prudents, très prudents. » L'ouragan sur Paris La tempête a fait, hier encore, de nouvelles victimes La tempête qui est passée, au cours des dernières vingt-quatre heures, sur plu sieurs de nos provinces, a causé d'imporlanls dégâts, dont le bilan n'est pas encore établi avec précision. Mais, d'ores et déjà, on déplore la mort de deux personnes et plusieurs blessés. La journée d'hier a vu le calme renaître dans beaucoup.de régions. On s'est employé à panser les plaies des édifices, à dégager les routes, à rétablir les communications télégraphiques. Cependant, la tornade con tinue sur mer et plusieurs bateaux ont envoyé des appels de détresse. Enfin, l'ouragan, très affaibli d'ailleurs, a sévi, hier soir, sur Paris. Chassant des averses brulales, le vent a cassé de nom breuses branches et culbuté des cheminées. Des .carreaux ont volé en éclats, notam ment aux Champs-Elysées, où l'immense vitrine d'un magasin d'automobiles s'est écroulée avec fracas. (Suite page A, colonne 2....