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Le Figaro, 25 janvier 1932

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Le Figaro
25 janvier 1932


Extrait du journal

Dans une salle immense règne une ambiance singu lière... exactement celle d'une salle d'opération. On ima gine qu'un événement fantastique se prépare... Quelque chose de vous s'évanouit... Puis brusquement vous ne vous entendez plus vivre... On vient de vous opérer du bruit. Le plafond et le sol sont caoutchoutés, les murs pompent comme du papier buvard le rythme de votre respiration. Les paroles brèves qu'on échange apparais sent étrangères à nos véritables préoccupations, indépen dantes des lèvres qui les prononcent... Ce sont des fan tômes de paroles. Nous nous installons tout simplement dans un studio de poste émetteur. La T. S. F. ne se satisfait plus de véhiculer une conférence de Rome, la Bourse de NewYork, un concert de Munich, le match de rugby de Swansea et l'émeute de Hong-Kong. Elle se lasse d'être uniquement la navette qui trace au-dessus de nous le tissu des sons imperceptibles sans détecteur, des émotions fugitives et transmises. Elle se veut son art propre. Lentement il s'élabore. Ne doutons pas que prochaine ment existera un art uniquement auditif... l'art radiophonique, de même qu'apparut un art admirable tant qu'il demeura strictement visuel : le(icinématographe. Ce soir, la compagnie de Georges Colin va< donner au monde entier lé poème dramatique de Fernanti Divoire : Marathon. Cette œuvre émouvante et forte chante l'an goisse d'un peuple devant l'invasion, sa joie quand la victoire le délivre... En deux parties elle présente l'anxiété grecque durant Marathon, celle de la France durant la Marne. Ecrite jadis pour le théâtre, elle semble, par une étonnante prescience, avoir été dictée pour la radiophonie. Les comédiennes et les comédien* sont là... par petits groupes... ici un orchestre... plus loin l'orgue des fêtes foraines... un coup de klaxon... un éclair rouge annoncent que le monde écoute. Alors, un singulier ballet se déroule... sur des pieds silencieux les groupes avancent, reculent... se déplacent... les uns se cachent derrière un rideau... d'autres descen dent un escalier... et ces voix... toutes ces voix s'unissent, s'entrecroisent... deviennent les fils d'un suaire de douleu:, d'un manteau de joie... l'orchestre joue en sourdine... l'orgue évoque un bal villageois... Georges Colin, princi pal interprète et meneur de jeu, se démène, bat la mesure, anime ce chœur que nous sommes seuls à voir. Un nou veau coup de klaxon... la lueur rouge s'efface... le monde n'écoute plus. Et là-bas, aux îles Bermudes comme dans l'oasis saharienne... en Islande aussi bien qu'à Canton, des solitaires dans leur chambre ont entendu, grâce au poète français, s'émouvoir les oliviers athéniens et frémir l'âme argentée et mélodieuse des peupliers de l'Ile-deFrance. Lucien Farnoux-Reynaud....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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