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Le Figaro, 25 juin 1859

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Le Figaro
25 juin 1859


Extrait du journal

Milan, 18 juin. Si je tenais à vous parler de moi, je vous raconterais toutes les vicissitudes de mon voyage : — embarras de la route, retards occasionnés par les passeports, stations forcées dans des villages composés de quatre maisons, chemins de fer entièrement occupés par le transport des troupes, qui est considérable en ce moment, tout ce qui, enfin, a nécessité huit jours pour un voyage, qu'en temps ordinaire j'eusse fait en moitié moins de temps.— Mais que vous importent tous ces détails ? J'arrive ce matin à Milan : dans quelques heures, je pars pour Brescia ; je ne sais rien encore. En Italie, on ne sait que ce que l'on voit par ses propres yeux. Je ne puis que vous adresser, telles que je les ai recueillies, quelques-unes de mes impressions de route. Pendant la traversée de Marseille à Gênes, au moment où notre bateau à vapeur passait devant Toulon, nous avons vu sortir de la rade de cette ville une flotille de neuf canonnières remorquées par une frégate à vapeur de l'État. Cette flottille prenait le large au lieu de suivre les côtes comme nous. Elle se rend dans l'Adriatique, où elle ne tardera pas à être en vue de Venise. A peine a-t-on touché la terre d'Italie qu'on éprouve un sentiment tout particulier, incomparablement plus vif chez les Français, mais qui gagne même les hommes des nations les plus froides et les moins sympathiques à la cause de l'Italie. — Ce sentiment, c'est l'enthousiasme.— A Paris, nous nous passionnons certainement à la nouvelle des succès de nos armes, mais dans l'attitude de la popu lation, rien ne peut donner une idée de l'état d'exaltation continuelle qui surexcite les Italiens, et de leur enthou siasme pour les Français et pour tout ce qui vient de la France. Ces chaudes sympathies se rencontrent même à Gênes, ville marchande avant tout et la moins intéressée de toute la Péninsule au succès de la grande partie qui se joue maintenant. Je commence par faire amende honorable. Je dou tais de la sincérité des récits faits sur les actes de férocité des Autrichiens. Je croyais tout à fait impossible que de notre temps on fit encore la guerre en barbares et en ma landrins. J'avais vu défiler des régiments autrichiens, et en regardant ces jeunes soldats à la physionomie si douce, •ces jeunes officiers jolis et timides comme des demoi selles, il ne me fût pas venu à la pensée de les transformer ■en pillards! Je suis forcé d'avouer aujourd'hui que quelques-uns des récits que nous avons lus sont malheu reusement véridiques. — Je dis quelques-uns. Je voyageais hier avec un syndic de Yigevano qui m'a...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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