Extrait du journal

Monsieur, L'éloquence a ses privilèges, la défense a ses droits, mais trouvât-on sous votre toge autre chose qu'une ad mirable facilité d'élocution, c'est-à-dire l'élévation, la sé rénité, la logique, le tact, la conviction ; eussiez-vous à plaider pour le plus sympathique des prévenus, que votre parole aurait à se renfermer dans les limites du juste et du vrai. — Pour me résumer, vous auriez toutes les ver tus de l'orateur que je vous interdirais de me calomnier, moi et les miens. — Pendant sept ans j'ai été sténographe au Palais, et pendant quatre ans aux assemblées légis latives; je sais donc,' monsieur, à quels entraînements la passion vous emporte, et ceux qui vous connaissent ne donnent pas plus d'importance à vos allégations que vous n'en attachez vous même. — Quand le cerf, après mille ruses et mille détours, comprend que sa dernière heure a sonné, il s'arrête brusquement, fait tête au chasseur, et gare aux chiens I Quand la défense est aux abois, que pendant de longues heures elle a fatigué l'attention et usé les sympathies de l'auditoire; qu'elle a ressassé les arguties du droit, épuisé les sophismes; quand le terrain fuit sous ses pas, qu'une défaite est cer taine : jouant son va-tout sur une carte bizeautée, elle fait tête à- l'attaque, et, gare aux faits ou aux témoins 1 elle n'a plus rien à perdre que le temps des...