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Le Figaro, 26 mars 1892

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Le Figaro
26 mars 1892


Extrait du journal

Blanche de Chazelles pensa mourir lorsque, vers la fin de la première année de son union avec le comte Adrien-Paul de Puyzenolles, celui-ci, déjà las du trop paisible tête-à-tête conjugal, quitta furtivement le vieux manoir, domaine patrimonial où les époux vivaient loin du monde, et, sans autre excuse qu'une courte lettre où des affaires urgentes, absorbantes étaient prétextées, vint s'installer à Paris, avenue d'Antin, dans son ancien appartement de garçon. La vérité, c'est que le boulevard manquait à ce viveur de trente ans, aussi les fêtes joyeuses, les soupers fins du Lyon d'Or et du Café Anglais, le tapis vert du cercle, les tribunes de Longchamps ou d'Auteuil, les maillots roses des danseuses de l'Opéra ou de l'Eden-Théâtre toutes ces vaines, mais séduisantes attractions d'une existence facile et décousue où, depuis l'adolescencepresque, M. de Puyzenolles était accoutumé de vivre et qu'il ne savait pas oublier. On l'avait marié contre son gré, en dépit de ses répugnances, avec cette blonde enfant de dix-neuf ans, qu'il consentait à trouver jolie, mais qu'il n'aimait pas, qu'il ne voulait ni ne pouvait aimer. Elle était par trop simple, innocente et naïve pour lui, Don Juan au petit pied, séducteur de filles galantes, épris des liaisons passagères qu'un caprice noue, qu'une fantaisie dénoue très vite, mais ayant en horreur les joies bourgeoises de la famille, le coin du feu, la table patriarcale, les veillées sous la lampe et les causeries à deux, éternellement uniformes. Seulement, comme il était écrasé de lourdes dettes, plus qu'à demi ruiné par d'incessantes et folles extravagances; comme les familles de Chazelles et de Puyzenolles rêvaient cette union pour cimenter à jamais leurs amicales relations Ae voisinage, il avait cédé, satisfait, pour tout dire, de trouver un million dans les petites mains de Blanche, un million qui ..lui servit à calmer enfin les exigences de ses créanciers, à réhabiliter sa signature, depuis trop longtemps mésestimée....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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