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Le Figaro, 26 novembre 1865

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Le Figaro
26 novembre 1865


Extrait du journal

LETTRES SUR L'ANGLETERRE M. Louis Blanc a donné pour passeport à ces deux volumes une préface dialoguée à la manière de Diderot. Soit modestie, soit goût de la mise en scène, à l'entendre il a cédé à une pression amicale avant de consentir à réunir en volume des lettres écrites à différentes dates, sur différents sujets, à diffé rents journaux, et que le correspondant du Temps et de l'Eu rope ne se donnait pas toujours la peine de relire. Qu'il y ait de la sincérité au fond ou seulement un peu d'artifice fort ex cusable dans la forme, l'historien de la Révolution peut être pleinement rassuré. Depuis quatre ou cinq ans, il semait en Europe, au courant de la plume et des événements, ses idées, ses jugements, ses impressions sur les hommes et les choses de ce temps-ci. Se délassant de ses travaux plus sérieux d'écrivain, il s'était fait journaliste (c'était d'évêque devenir meunier) : or, il est arrivé que ces t chiffons de papier, tout noircis d'impro visations, en se rejoignant miraculeusement après quatre années de séparation, ont formé un livre en deux volumes, et que M. Louis Blanc, sans autre effort que de placer pour la première fois son nom au bas de ses lettres sur l'Angleterre, de meunier est redevenu évëque. Il y avait à cela deux excel lentes raisons : son savoir et son style. Fidèle, avec une modération parfaite, à ses idées et à son passé, M. Louis Blanc se donne ses coudées franches sur ceci, sur cela et sur le reste ; mais il n'oublie pas un seul instant, en jugeant à distance la France, qu'il a quittée, et chez elle l'Angleterre, dont il est devenu l'hôte, les égards qu'il doit à l'une et à l'autre. Il aime la première, il admire la seconde ; mais il ne se gêne point pour faire entendre à toutes deux des vérités très agréablement dites, qui ne sont pas toujours agréa bles à éhtendre. Lorsque Voltaire, toujours plaisant dans les choses sérieuses, écrivait : « Chez nous, c'est la pression de la » lune qui cause le flux de la mer ; chez les Anglais, c'est la » mer qui gravite vers la lune ; » cette badinerie du grand douteur contenait une grande, une triste vérité : à savoir, que les deux nations, à peine séparées par un mince filet d'eau, sont si bien en tout l'opposé l'une de l'autre, qu'on ne saurait être plus complètement d'accord pour se détester cordialement. Cela faisait sourire l'auteur des « Lettres anglaises », cela at triste et décourage parfois l'auteur des « Lettres sur l'Angle terre. »...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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