Extrait du journal

C'est une étrange erreur que de confier, comme on le fait, à de prétendus experts et techniciens surfaits, le soin de trouver le remède à une crise dont ils sont, en réalité, les premiers auteurs responsables. Il y a là, de la part des gouvernants —- et nous ne parlons pas seulement de la France — une véritable démission de l'intelligence au profit de soi-disant spécialistes à courte vue, et même, il faut le dire, une désertion de lents fonctions essentielles de dirigeants, qu'ils abdiquent entre les mai-ns des financiers, au nom du prestige indu de la « technicité ». Naturellement les experts, ces modernes médecins de Molière, ont tout intérêt à en tretenir soigneusement, par leur jargon bar bare et prétentieux, une atmosphère de mys tère impénétrable aux profanes, autour de leurs profitables conciliabules, alors qu'il ne s'agit, en réalité, que de savoir, au moyen de quelle nouvelle sauce ils s'apprêtent à aider la finance internationale à dévorer, une fois de plus, les épargnes nationales. Cette vérité de simple bon sens commence heureusement à se répandre dans l'opinion, grâce à la diffusion toujours croissante de l'Ami du Peuple, et aux articles si lumineux que M. François COTY a consacrés à ces graves questions, avec un courage égal à sa clairvoyance. Les idées essentielles qu'il exposait à ce sujet dans Figaro et dans l'Ami du Peuple du 27 octobre dernier, sous le titre : « La [santé-morale' èt 'matérielle de la France--», et où il expliquait, avec une admirable clarté, « les vraies raisons de la crise mondiale qui désespère les peuples en attendant qu'elle les révolte », ces idées si justes, nous avons été particulièrement heureux de les retrouver plus développées, entourées d'aperçus nouveaux, étayées de chiffres précis et de statistiques démonstratives, dans une remarquable chro nique qu'a publiée le comte de Fels dans le dernier numéro de la Revue de Paris, sous le titre symbolique : « Contre Lénine ». Lui aussi maintenant remonte hardiment, par delà les symptômes économiques, à la cause, avant tout morale, de la crise mondiale. « Qji'avons-nous donc à faire d'expédients, » Raccommodements, d'arrangements, de » protocoles et de moratoires, s'écrie-t-il, » c'est la civilisation elle-même qui est en » cause... Les gens cherchent à leurs maux » quelque remède inédit, sans prendre garde » qu'ils sont atteints aux sources mêmes de » leur- vie spirituelle. »...