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Le Figaro, 30 mai 1912

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Le Figaro
30 mai 1912


Extrait du journal

Vous vous rappelez dans les Fioretti ce verset : « Et en entendant ces paroles du très saint père,' tous les oiseaux commencèrent à ouvrir leurs becs, à étendre leurs ailes, et à baisser dévotement leurs têtes jusqu'à terre et à prouver, par leurs chants et leurs mou vements, que les paroles que leur avait dites saint François leur plaisaient infiniment ». J'ai assisté à ce spectacle dans un jardinet de la rue du Luxembourg-, tandis que, à côté, des garçonnets jouaient aux barres, et que plus loin la porte ouverte d'une grande salle laissait apercevoir des jeunes gens luttant à l'escrime ; au long du mur une statue mettait sa.pâleur de plâtre, la Vierge tenant dans ses bras son fils. v Au-dessus des arbres les hauts bâtiments de l'Ecole Bossuet apparaissaient, ruche en travail, aux longs balcons extérieurs, et, en compagnie de M. le directeur de l'internât, parmi les gazons et les fleurs de ce petit en clos, oasis de verdures et de parfums, j'admi rais derrière le treillis d'une vaste volière des remuements d'ailes versicolores et des ga zouillis multiples ; et, comme le saint de la légende, l'homme qui parlait à ces êtres mi gnons était vêtu d'une robe, mais celle-ci noire, barrée d'une large ceinture de soie également noire. M. le directeur de l'internat est l'abbé Gabriel Etoc, ornithologiste célèbre, qui semble croire à la phrase de Michelet sur l'oiseau : « Il mourrait s'il n'était aimé ! > II. ne lui suffit pas de les affectionner, ses pensionnaires pépiant ; il les veut connaître, savoir leurs mœurs, leurs habitudes, étudier leurs origines, être renseigné sur leur vie, leurs voyages, et François d'Assise, n'est plus seulement un poète, il est aujourd'hui un sa vant ; non pas; un vieillard courbé et fragile aux gestes fatigués et tremblotants, pâli par l'étude et les veilles', mais un homme robuste, plein de santé, au teint hâlé par le grand air des vacances dans la forêt et la montagne ; le front haut, les cheveux drus, la tête est lumineuse, la parole vive, le regard aussi, une belle intelligence investigatrice de la Nature. Et ce fut dans la petite chambre où nous montâmes une causerie charmante, pleine d'intérêt spécialisé ; chambre étroite comme une cellule, avec le lit dissimulé dans une al côve, quelques rares meubles, mais, attirant et retenant l'attention, une vitrine emplie de bêtes naturalisées, puis de nombreuses, boîtes contenant, patiemment étiquetés,des insectes; au plafond, un énorme albatros, et surtout | une collection unique d'œufs d'oiseaux ; dans une bibliothèque tournante les- revues, bro- ' chures, livres publiés par l'abbé d'après les | travaux qu'il poursuit dans son laboratoire ! du Muséum. | Il s'occupe surtout des oiseaux. 18,000 >| espèces : rapaces, grimpeurs, percheurs, échassiers, palmipèdes ; il a enregistré sur tous, au cours de ses voyages, des observa tions précieuses, et pendant un gai matin de mai il m'a entretenu "dé" ces « frères infé rieurs » qui ont des noms amusants : le bec...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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