Extrait du journal
Comme il faisait un petit temps gris et doux, j'ai été l'autre jour, au Jardin des Plantes, visiter nos frères, les ani maux.. J'ai toujours tiré profit de ce pèleri nage. Près des pelouses ou devant les cages, je recourrais autant et mieux que dans un salon les parentés, devenues, du reste, métaphoriques, qui nous lient avec les'vieilles rosses et les-jeunes^ grues, les pies et les chameaux, les se rins et les renards. J'ai' suivi souvent, devant la maison des singes,. les, longues disputes, les criailleries, les gambades et les grimaces qui accueillent une noix ou une pomme. Et vous comprenez quels' innombrables souvenirs ce spectacle peut évoquer chez un homme qui a assisté à bien des concours, à bien des distributions de rôles, à bien des. discussions littéraires. Mais ce qui m'a paru nouveau et im posant l'autre jour, ce fut le repas des fauves, la grande distribution des chairs saignantes. Il y; a là un moment d'impérieux si lence, à peine interrompu de quelques grognements. Ce ne sont pas les lions, ce sont lçs chacals, les loups et les hyè nes qui font du bruit. Tous attendent anxieux et malveillants. Chacun regarde son prochain avec soupçon et feinte in différence. Puis le morceau .est jeté. Et, alors;*quelle projection' des. corps, quel jeii'de muscles, quels ooups,de
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
