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Le Fin de siècle, 2 avril 1896

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Le Fin de siècle
2 avril 1896


Extrait du journal

le promenoir où l’on est toujours sur de ren contrer des visages de connaissance. Au Palais de Glace, ça ne change pas. On a voulu donner une fête l’autre soir. Comme aux fêtes précédentes il n’y avait personne. La guigne qui poursuit cet établis sement est inexplicable... On ne peut que la constater et s’en affliger. LE BLOC- NOTES DE KALSTAFF — O mon cher Diable Rose, disais-je l'autre soir à mon excellent collaborateur et ami soussigné, tu as publié dernièrement de bien curieuses descriptions de leurs petits inté rieurs. J’imagine que tes lecteurs ont dû prendre, comme moi-même, un vif plai'ir d ces piquantes révélati ns. Tout le monde n'est pas admis à pénétrer dans les homes ultra-select de nos pro/essiunnal-beauties, ou — pour tiaduDe en français — dans les maisons chic (l’une Emilienne d’Alençon, d'une l.iane de Pougy, d'une Marion de l.orme ; mais les hasards de la vie peuvent vous y conduire un joui', et alors il est tou jours bon de savoir d'avance que la maîtresse de maison a des curettes d'argent 11 un petit cheval hydraulique du me» e métal précieux... Se crois-tu pas maintenant, n Diable l.ose, qu’après avoir décrit leurs petits intérieurs, il serait non moins utile et intéressant (le décrire leurs petits extérieurs ? — C'est-à-dire f interrompit Diable Rose. — C’est-à-dire, répondis-je, la forme de leurs visages, la couleur de leurs cheveux, l'opulence de leurs gorges, la finesse de leurs failles, la rondeur de leurs hanches, la saveur, le velouté, l’abondance de leurs trésors postérieurs qui... — Halte-la ! s’écri i-Diable Rose. Ce serait de la plus choquante indiscrétion et je ne me permettras jamais de parler du... des... d’une femme! Cela n'est pas de mon do maine. — Pourquoi donc ! repris-je. J'estime au contraire qu'on rend justice à une femme et qu’on lui fait honneur, en proclamant qu’elle a un beau derrière. Et celle qui serait asses sotte pour se formaliser de cet hommage... — Alors, (lis-le toi-même, fit sèchement Diable Rose, Pour moi, je ne saurais entrer dans de tels détails. — Soit, je le (lirai, répomlis-je. Le commencement au prochain nu méro. P. F. Quelle est donc la jolie personne qu’on a si fort admirée, dimanche soir, chez Maire, où elle dînait en tète à tète avec le Petit TransVifill *. Très brune, avec îles yeux bleus d’une grande douceur, une bouche minuscule, un maintien tout à fait correct, elle portait une toilette très simple, sans falbalas, mais seyant fort bien à sa beauté. Renseignements pris, cette jeune personne est la légitime épouse d’un banquier de pro vince correspondant du Petit 1 ransvaal. Elle était venue à Paris pour faire des achats, et comme elle s’était présentée dans les bureaux du Petit Transvaal, celui-ci qui se trouvait là par hasard l’a aperçue, a été frappé du coup de foudre et, passant sa tète à travers le guichet a, séance tenante,déclaré sa flamme. Il parait que la dame, croyant a voir affaire à un modeste employé, a d’abord refuse d’écouter cette déclaration et qu’elle a même affecté de s’en fâcher; mais quand elle a su qu’elle était en présence du maître de la maison, elle s’est humanisée... si bien que dimanche soir elle dînait en tète avec le Petit Transvaal. R est probable que, dorénavant, le Petit Transvaal ira tous les jours dans ses bureaux où il ne mettait presque jamais les pieds, jusqu’à présent; cette aventure lui a donné lc'goùt de travail. Un homme de cinquante ans qui demande à la justice de le protéger contre les entre prises impudiques d’une personne de vingt ans, voilà qui n’est pas ordinaire. C’est pourtant ce qu’a fait un certain M. X... pro priétaire à Montmartre. M. X... ayut pour locataire une belle tille de la Hutte, — mettons qu’elle s’appelle Toto. Comme Toto devait quelque argent à son propriétaire, celui-ci se présenta chez elle, un matin, pour proposer un arrangement ; mais il n’était pas entré depuis cinq minutes qu’il ressortait, les vêtements en désordre, son... inexpressible à demi délsmtonné, et poussant des cris de paon... Il parait que Toto voyant son propriétaire dans des dispositions conciliantes avait voulu accentuer ces bonnes dispositions; mais la pauvre s'était trompée «l’adresse ; elle ignorait avoir affaire à un farouche défenseur de la vertu. Le soir même Toto recevait son congé par huissier ; de plus, le propriétaire a manifesté hautement l’intention de poursuivre sa loca taire en police correctionnelle pour outrage à sa pudeur. Seulement il ne sait pas encore si le code autorise semblable poursuite. H a de mandé conseil à plusieurs avocats. Souhaitons pour la beauté de la cause que ce procès ait lieu. Toto n’aurait pas grand chose à craindre et on ne s’ennuierait certes pas, ce jour-là, en correctionnelle. Les chaussures et les ombrelles Magagnose obtiennent un succès qui dépasse toutes les prévisions. Malgré le temps un peu incertain, toutes nos élégantes mondaines vont acheter, chez le bottier renommé du boulevard des Italiens, les charmantes chaussures ex Ira-lé...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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Données de classification
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