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Le Fin de siècle, 6 août 1903

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Le Fin de siècle
6 août 1903


Extrait du journal

cette bonne femme là ? Ça n’est pas une cocotte qui se montrerait ainsi. » Les Mémoires J'une chaise longue! Ce nouveau volume de Victorien du Saussay a une allure libertine, légère, frivole et voluptueuse, à la façon du xvme siècle. On aimait pour aimer. On ne mêlait pas au plaisir les pleurnicheries modernes. Les femmes étaient inconstantes et les hommes infidèles. On ne tuait pas la maîtresse qui partait au bras d un nouvel amant. On ne se suicidait pas, dans une nostalgie des lèvres infinies. Et l’on retrouve la même et jolie vraie sagesse dans un roman de du Saussay qui vient également de paraître : Je suis belle ! La chaise longue est encore dans cette aven ture un personnage très important, puisque l’héroïne est une de celles qui aiment, selon les devoirs de leur profession. Je suis belle! C’est le cri d’orgueil, l’excuse, la raison d’être, la fiére devise d'une jolie courtisane, adulée, fêtée, deve nue reine de Paris. On la voit vivre et palpiter, la très belle, dans un décor somptueux. L’auteur évoque merveilleusement les splendeurs, les tré sors du nid de l'amoureuse. Il chante aussi — avec quelles extases ! — la souveraine beauté de la Belle !... Elle est aimée, suprê mement, dévotement...et l’on frissonne un peu devant l’encens du culte rendu à la dix ine. Ce livre, c’est toute la vie somptueuse, brillante, des grandes courtisanes de Paris, décrite avec exactitude, dans ses moindres détails... Comme on sent bien que tout est vrai dans ce livre : les frissons de la chair, les palpitations des dentelles. Sur la couverture illustrée, et à chaque page, une image illumine le roman de sa beauté : Liane de Pougy apparaît, dans tout son luxe, tout son éclat. Elle est pho tographiée par les plus grands artistes, dans ses poses ondulantes, aveeses sourires de sphynge, ses regards profonds de chatte prête à recevoir les caresses, et à déchirer, d'un joli coup de griffe cruel, les petits cœurs naïfs, les vieux cœurs hypnotisés par son nom, par sa souveraineté. Emportez donc, pour les heures si longues,si vides, des villégiatures, ces deux livres, édités avec art, illustrés avec le talent libertin que réclame le texte. Et vous aurez autour de vous de jolies et belles compagnes, des sourires, des bruits de fête, des parfums de Paris — en un mot, tout ce qui constitue le plaisir. BOUGUENAIS...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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