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Le Fin de siècle, 16 septembre 1897

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Le Fin de siècle
16 septembre 1897


Extrait du journal

amant, un puissant financier. « Je ne tue pas, mais je guéris, » lui fut-il répondu. Comme la dame insistait et déclarait qu’elle ne voulait pas mourir, le docteur a prescrit une bonne bouteille de Villabracas. « Ma con science est tranquille, pensa le savant, et cette révolution intérieure ne peut que donner d’ex cellents résultats. » Le lendemain, la camériste vient chercher le docteur en toute hâte, parodiant, sans le sa voir, l’oraison funèbre de Bossuet • Madame se meurt ! L’intéressante malade est dans son lit, aflreusement pâle ; le puissant financier san glote. Le docteur se penche et la petite pro vinciale lui murmure à l’oreille : » J’en ai bu deux. » La purge, trop énergique, fut néanmoins bienfaisante, car aujourd’hui la dame est toute rose et le puissant financier, fier de ce quasisuicide, vraiment mystérieux, a été d’une royale générosité. C’est aussi efficace — et moins dangereux — que les tentatives de suicide à la façon de Liane de Pougy. Il n’est bruit, dans le noble faubourg, que de la fugue inexplicable d’un jeune personnage très haut titré et qui avait épousé, il y a six mois à peine, une richissime héritière d’Amé rique. Tout semblait marcher pour le mieux, pour tant, dans le noble ménage. Faut-il croire, comme l’affirment les amis du mari, que celuici a découvert chez sa femme des goûts un peu trop américains et... bizarres, et qu’il a préféré la fuite au scandale? Ou bien, ainsi que le prétendent les défenseurs de l’épouse, tous les forts viennent-ils du mari ? H y aurait, lais sent entendre ces derniers, une histoire de groom que Madame ne pouvait pas sentir et que Monsieur s’obstinait à garder à son ser vice? On ne saura le fin mot de tout cela que le jour où se plaidera le procès en divorce, si l’on ne parvient pas à dissuader l’épouse aban donnée d'intenter ce procès. **# C’est à la terrasse du Pavillon Bleu, à SaintCloud, que se donnent rendez-vous les gour mets qui aiment dîner en plein air. Cuisine exquise, caves célèbres, le Pavillon Bleu est le restaurant sélect des environs de Paris. **# Pour avoir un bon champagne à des prix modérés, il faut s’adresser à un propriétaire récoltant, n’ayant pas les frais énormes des grandes maisons. Le champagne de M. Jules Lahaye, propriétaire rccoltantà Vertus (Marne), est un vin tout à fait excellent, valant les champagnes les plus renommés, et coûtant deux lois moins cher. *** NOUVELLE A LA MAIN Mme Manehaballe est morte. Sa fille Caroline pleure toutes les larmes de son corps. — Voyons, ma fille, dit une voisine, faut se faire une raison... Tu pleures, tu pleures... c’est comme qui dirait un veau qui aurait perdu sa mère ! DIABLE ROSE....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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