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Le Fin de siècle, 28 octobre 1891

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Le Fin de siècle
28 octobre 1891


Extrait du journal

Attristé sans doute par des tragédies d’amour qui se dénouèrent récemment, Bouguenais en une de ses dernières chroniques déclarait que < l’amour des femmes mariées ne vaut point qu’un jeune homme s’expose aux pires aven tures, aux cruelles vengeances ». Puis il s'attardait en des explications discu tables : « La plupart sont au lit de mé diocres compagnes : elles ont la placi dité d'une planche à pain... Aimons tranquillement sans danger de belles filles qui ne demandent qu’à aimer et être aimées. » Ah ! le misérable, que de larmes, avec sa méchante chronique, il a fait verser à de pauvres petites femmes. L’une d’elles m'écrivait : « Voilà bien de quoi mettre les galants en fuite ! Et moi qui ai le cœur plein d’amour, se rai-je donc condamnée, et bien d’autres avec moi, à ce célibat conjugal où les époux vivent côte à côte sans caresses, sans passion, frère et sœur. » Aussi je veux réhabiliter les amours sincères, les amours farouches des femmes mariées, ces désirables maî tresses, dont le cœur est ouvert à toutes les perversités, le corps préparé à tous les raffinements. Elles sont les vraies amantes, les enragées d’amour qui pro curent au bicn-aimé toute la gamme des heureuses luxures. Oseriez-vous leur comparer ces marchandes de sourires et de chair féminine, qui vendent au plus offrant des simulacres de passion ? Dont jamais ne vibre le sexe sous les étreintes de celui qui paie ? Prêtes, oh ! toujours elles le sont, contre bel argent, à s’af faler sur les lits ou les canapés. Mais ces fantaisies sauraient-elles satisfaire Je cœur d’un homme tant soit peu délicat? Ou même les simples sensa tions d'un raffiné ? Bonnes tout au plus a calmer les ardeurs d’un collégien ou d un monsieur pressé, qui traite l’aniour à l’américaine et souhaite la pro chaine installation, à chaque carrefour, de machines automatiques, distribuant, au passant qui jette son louis dans le trou, du plaisir — pendant cinq minutes, comme on lui donne, au théàtrophone, de la musique : café-concert ou Opéra. *** Après quelques années de ménage — quelques mois souvent — la jeune femme que l’époux n’initia pas, ou si Peu, aux joies de la chair, est prise d inquiétudes et de frissons qui l’alanguissent d’abord en de vagues désirs, bientôt elle comprend que ce trouble Cest le besoin d’aimer, d'être aimée, non point sagement, avec mesure, avec des réticences, mais, pleinement, dans...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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Données de classification
  • désormes
  • a. sylvestre
  • sarah bernhardt
  • sardou
  • genus
  • xanrof
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