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Le Fin de siècle, 29 septembre 1904

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Le Fin de siècle
29 septembre 1904


Extrait du journal

à Paris bien plus souvent qu'on ne le suppose! Demandez plutôt à Marcelle de L... et à Suzanne d’A... Les deux belles petites se sont fait une spécialité d’accorder une hospi talité plus qu’écossaise à des têtes couronnées ; aussi,'; ne faut-il pas être trop surpris que, depuis le commencement de l’été, la jolie Marcelle soit à son quatrième auguste visi teur et la toute charmante Suzanne à son troisième. Le dernier qui honora la brune Marcelle de son... amitié, fut le souverain d’un peuple ami de la France et marié depuis peu. *** Marcelle de Lorières vient de faire enlever l’électricité dans son appartement. Depuis que le vieux duc de L... a surpris la belle petite dans une chambre sombre, où elle s'était cachée avec un ami très jeune et très cher, elle n’a pas pardonné à la lumière sou daine de l'électricité d'avoir été ainsi décou verte. Pour plus de sûreté, la charmante dégrafée fait rétablir le gaz chez elle, le gaz qu’il faut allumer et qui vous laisse le temps de fuir. • * e Pourquoi,belle Madeleine de W...,undenos clubmen les plus selects vous a-t-il rencon trée hier, au coin de la rue de Longchamp et de la rue X... ? Est-ce le retour de Lucien de B..., rentré depuis quelques jours à Paris, qui vous avait amenée là, charmante Madeleine? Vous aviez pourtant juré que vous ne feriez plus de folies; vous disiez que les hommes ne vous intéres saient qu’à deux moments : quand ils payaient et quand ils s’en allaient!* Pourtant, Lucien de B... est loin d’être riche et — si nous sommes toujours bien in formés — il ne vous intéresse ni quand il paye ni quand il s’en va, puisque vous allez vousmême chez lui et qu’il ne vous donne rien... * * Une brillante soirée a été donnée, mardi dernier, chez Valentine de Commanges. La belle demi-mondaine ne reçoit chez elle que le Tout-Paris titré et décoré. C’est un prin cipe. Dire qu’on s'amuse autant dans le somptueux hôtel qu’elle occupe près du Trocadéro que chez une quelconque de nos belles dégrafées, serait mentir. Mais il n’en est pas moins toujours agréable d» voir de très belles femmes — les amies de Valentine de Commanges sont triées sur le volet — et de très belles toilettes. Cependant, un peu moins de pose ne ferait pas de mal! Car, somme toute, autant aller dans le... vrai monde; comme dit notre con frère X... • « les femmes y sont plus... polis sonnes! » *•** Si la gaieté avait disparu de l’univers on la retrouverait, je crois, chez Berthe de VIroflay. La belle enfant revenue, depuis une semaine à peine, de l’Ecosse où elle passa tout l'été, en compagnie d'nn lord des plus respectables, a déjà inauguré l’ère des réceptions. On s’est franchement amusé, hier soir, après diner, chez elle. L'entrain n'a pas un seul instant cessé de régner et l’on ne s’est séparé (ceux qui n’ont pas, au contraire, fini la nuit ensemble) qu’après avoir vidé force coupes de champagne. On dirait une aneccfote du temps où les ga lants chevaliers avaient le droitde pourfendre leurs rivaux, et aussi... de gagner au jeu en corrigeant le hasard. Elle rapporte cependant un fait qui s'est passé ces jours derniers, en plein Paris, non loin de la gare Saint-Lazare. Le très authentique comte X... de Z... en trait dans une de ces maisons accueillantes où l’on trouve non seulemenl bon accueil, bon gîte, mais aussi le moyen de perdre quelques heures et... quelques louis autour d’un tapis vert. Or, le comte X... de Z..., probablement énervé par l’excellent souper qu’il venait de faire dans le plus chic de nos restaurants de nuit, s’est pris de querelle avec Georges de V..., le sportsman bien connu. Des mots, on en vint aux... gestes, si bien que séance tenante une rencontre fut décidée. Passant par-dessus toutes les formalités habi tuelles, des témoins furent constitués ; l’un d’eux apporta des épées, et l’on alla finir la nuit, en attendant le matin, dans un restau rant de la banlieue de Paris, où, chacun de son côté, on sabla joyeusement le champagne. Marguerite de V..., cause véritable de la querelle et pour qui, à ce que l’on dit, le comte X... de Z... aurait été un peu indélicat au jeu, était de la partie. Pour justifier toutes ces incorrections, il faut dire que tout le monde était royalement gris... - - > Le jour parut; on se dirigea vers le lieu de la rencontre. Les deux épées furent tirées du fourreau. Les adversaires se mirent en face l’un de l’autre; mais, après deux ou trois reprises où les combattants, engourdis de sommeil, ne pouvaient plus tenir leur arme, les témoins mirent fin au combat, de peur qu’ils ne se bles sassent eux-mêmes. Cependant Georges de V..., énervé sans doute par la présence incorrecte de Marguerite de V..., ne voulait pas en rester là. Il se calma sur la proposition que lui fit son rival de jouer la belle enfant, à l’écarté, en cinq secs. Ce fut le comte de X... de Z... qui gagna. s e L’Orgie moderne, par René Saint-Médard, qui vient de paraître à la Bibliothèque du Fin de Siècle, est un roman éminemment mo derne et suggestif, animé à toutes ses pages...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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