Extrait du journal

Ce soir-là, — oh! (pie celte, heure est lointaine, qu’elle est lointaine! —ce soir-là, une étoile tomba dans le ruisseau; Elle me dit : « Tu crois peut-être que je suis descen due sans raison du merveilleux azur sur votre obscure terre? Quelle erreur esl la tienne! Je savais très bien que tu passerais dans la rue, au moment même de ma chute ; et, si tu le veux, agitant mes rayons connue des plumes d’aile, je t’emporterai vers les divins séjours de la paix et de la clarté. Là-haut, là-haut, plus haut encore, les réali tés humaines n’existent pas : ce (pie vous appelez le vrai n’a jamais attristé les yeux des astres clairs ; mais les songes sont les passants familiers des routes lumineuses. » Je n’hésitai pas, je répondis : « Ouvre tes ailes de flammes, emporte-moi, oiseau fait de lueur !» L’étoile, alors, m’envola vers le pays de la chimère et des rêves, et, depuis ce temps-là, je n’en suis jamais revenu ! Catulle MENDÊS....