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Le Français, 11 juillet 1871

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Le Français
11 juillet 1871


Extrait du journal

Voici la manière dont le correspon dant du Standard raconte sa conversa tion avec M. Gambetta : Je n’avais pas vu M. Gambetta depuis le 20 septembre. Je l’ai trouvé un peu changé, mais sa santé s’est décidément améliorée, et son esprit est toujours aussi clair et audacieux. Ma première question a été : « Pourquoi n’avez vous pas officiellement désavoué la Commune que vous méprisiez autant ? *> Il m’a répondu : « Vous devez songer à ma position depuis le 5 février dernier. J’avais envoyé ma démission, je n’étais plus qu’un simple particulier. Dégoûté complètement et brisé par l’anxiété et le travail, j’allai me fixer à Saint-Sébastien, où pendant cinq mois je n’ai eu d'autre but que de rétablir ma santé. Je vivais avec les pêcheurs, passant tout mon temps au bord de la mer, ne lisant pas de jour naux, ne voyant pas d’amis. Mon dessein était de renoncer à la politique et d’entrer dans une carrière industrielle. C’est alors, le 22 mars, que je lus dans un journal espagnol un récit de l’affaire de Montmar tre et de l’insurrection de Paris. Je fus convaincu, comme je le suis euedre, que la première cause des malheurs qui sont survenus doit être trouvée dans les actes de MM. Jules Favre, Jules Si mon, Picard et Ferry. Ces messieurs avaient une rancune haineuse pour le peuple de Paris, qui leur avait témoigné son mécontentement de leur gouvernement par le petit nombre de voix qu’il leur avait donné en février. Ces politiques sans valeur, incapables d’agir utilement dans une circonstance difficile, cherchèrent à encourager le tu multe, afin d’avoir une occasion de frap per Paris d’un coup vengeur. L’abaisse ment de la capitale fut résolu par eux, et ils entraînèrent M. Thiers. Paris fut aban donné et les communistes s’emparèrent de l’autorité. Comment pouvez-vous penser que, dans une pareille occurrence, moi qui étais à distance, j’aurais pris part à cette affaire ? Si j’avais été ministre de l’intérieur, je me serais installé à l’Hôtel de Ville, et, appelant à mon aide tous les bous ci toyens, j’aurais essayé de conclure uu ar rangement entre Paris et Versailles. Mais j’étais absent et dans l’impossibilité d’agir Une lettre de moi n’aurait eu aucun effet La réponse aurait été : « Qu’il vienne et mette fin à ces actes horribles. Pourquoi ne vient-il pas? » Il était à ce moment trop tard pour y penser. Dans de pareilles circonstances, il faut agir immédiate ment. Parlant ensuite de son élection, M.Gam betta m’a dit : — Mon élection k Paris m’a causé une grande satisfaction, car c’est une réponse à toutes les insultes et les calomnies dont on m’a couvert pendant mon absence. Et re marquez que je n!ai été appuyé par aucun journal : tous m’étaient opposés. J’ai ob tenu 115,000 voix, bien que plus de 60,000 de mes pretniers commettants aient perdu leurs droits d’électeurs à Paris. En où tre, en province, beaucoup de mes amis, tant personnels que politiques, ont été élus. Mon ancien secrétaire, plusieurs des mai res et des préfets de mon gouvernement. Faidherbe et Jaurès, deux. généraux nom més par moi, ont obtenu la majorité. Gela prouve qu’en France on ne condamne ja mais un homme parce qu’il a eu foi dans la puissance et la fortune de son pays, et...

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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