Extrait du journal

avaient toujours beaucoup exagéré les couleurs de leur drapeau. Aujourd’hui plus que jamais il faut au géant qui s’appelle le suffrage universel des professions de foi plus grandes que nature, et ce sont des déesses de la liberté de cent cou dées qu’il faut exhiber au peuple pour qu’il les aperçoive seulement. Après le scrutin, tout est remis au point, et la pratique des affaires, ou même seulement de l'éloquence parlementaire, a cela d’excellent qu elle épure les utopies, pour ne leur laisser que ce qu’elles ont en elles de généreux et de noblement inspirateur. Tel s’est montré, nous ne dirons pas Mirabeau, probité douteuse, mais Barnave, la plus pure renommée de la révolution française ; tel nous voyons sous nos yeux M. Brigbt, réputé naguère le plus ter rible tribun des trois royaumes, et aujourd’hui le collègue illustre de M. Gladstone et le ministre de S. M. la reine Victoria. Il faut bien en effet que le peuple le sache, — et le plus tôt sera le mieux, — quand il en voie des mandataires au Corps législatif, ce n’est pas pour parler et protester toujours, mais pour faire œuvre gouvernementale quand l’heure est venue. Le Moniteur conclut en disant : « A une tâche nouvelle il faut des hommes nouveaux. » Sa pensée est la nôtre ; et — après avoir dit et répété' avec la plus grande franchise, combien nous semblaient déplorables l’élimination des amis de la liberté, d’autant plus sincères qu’ils ont plus l’esprit de modération et de concilia tion, et le triomphe des hommes d’opinions extrêmes ou violentes — nous devons aussi calmer des craintes excessives, car il ne faut rien exagérer. Charles Ciievé....